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Enseigner au Cégep en période de pandémie

La Malbaie

Jeu. 30 juillet 2020 4 minutes

Enseigner au Cégep en période de pandémie
Enseigner au Cégep en période de pandémie
À la mi-mars, un coup de masse s’est abattu sur les cégeps et collèges francophones. Une maladie contagieuse détectée pour la première fois en janvier à Wuan en Chine, est en train de s’étendre à vitesse grand V dans le monde entier. L’impact sur l’enseignement supérieur ne se fait pas attendre. Presque partout au Canada, les gouvernements décrètent la fermeture temporaire des écoles au mois de mars tout en maintenant les effectifs en poste en télétravail avec comme instruction de préparer un enseignement à distance. Pour comprendre de l’intérieur ce que cette nouvelle réalité à la session hiver en enseignement technique, je me suis entretenu avec une enseignante en soins infirmiers du Centre d’études collégiales en Charlevoix.

CECC

Se tourner de bord sur un dix cennes

Josée Saint-Amant enseigne les soins infirmiers depuis une quinzaine d’années et a vécu bien des péripéties au cours des années, mais jamais comme ce qui lui est tombé sur la tête le 13 mars 2020. Du jour au lendemain, elle est passée de la normalité à néant. Tout s’arrête brutalement. En soins infirmiers, les heures sont comptées et tout temps perdu handicape l’intégralité des apprentissages de la session. Toutes les équipes sont « stand by ». Assez rapidement, la direction émet quelques directives. Il faut revoir les plans de cours puisque ceux prévus initialement ne s’appliquent plus.  Dans des conditions inédites avec des contraintes majeures, il faut diminuer les attentes et se concentrer sur l’essentiel. Les enseignantes apprennent que les stages hospitaliers qui sont arrêtés ne seraient pas repris. Il faut donc créer des activités pour remplacer les stages. Des outils technologiques sont mis en place avec Microsoft et Teams et COLNET utilisée dans une douzaine de cégeps au Québec et qui permet un contact direct en continu, de façon uniformisée avec les étudiantes. Tous les lundis matin, c’est la transmission des cours de la semaine. Les professeurs sont à la disposition des étudiantes, mais comme plusieurs travaillent déjà en hôpital ou en CHSLD, les soirs et les fins de semaine sont occupés. La créativité des équipes enseignement est fortement sollicitée, des réunions de département permettent de coordonner les actions. La coordination de département fait le lien avec la direction. Plusieurs activités compensatoires sont mises en place pour remplacer les laboratoires, mais cela s’avère très compliqué.

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Le défi des examens techniques en ligne

À la fin de session, les examens ont été fait en ligne, les étudiantes devaient se filmer avec leur téléphone cellulaire en répondant à 40 questions dans le cours de madame Saint-Amant. Des examens formatifs sont d’abord expédiés pour tester la technologie. La surveillance en direct a pour but d’empêcher la tricherie. Dans la transmission, certains examens complétés se perdent complètement ce qui démontre certains dangers de l’enseignement à distance. Heureusement des solutions sont trouvées.

Travailler à la maison

Pour les enseignantes en soins infirmiers, c’est aussi un défi de travailler à la maison. Le conjoint de Josée Saint-Amant est agriculteur et la ferme tourne à plein régime. Le téléphone sonne sans arrêt et les enfants qui ne vont à l’école sont toujours dans les parages. Josée avait donné son nom pour aller travailler en CHSLD dans le but de faire sa part pour nos aînés, elle n’a jamais été contactée. Cet été, elle se repose en vue d’un automne qui risque d’être encore particulier. Des centaines de situations plus ou moins semblables sont arrivées dans nos institutions au cours des derniers mois. Toutes les équipes liées aux programmes études ont retroussées leurs manches et ont démontré leur professionnalisme et leur capacité d’adaptation et surtout leur engagement envers la réussite de leurs étudiants et étudiantes. Il n’y a rien de facile dans la situation actuelle, l’automne sera encore plein de défis.

BB

Ce que réserve l’avenir

Josée Saint-Amant et ses collègues souhaitent avoir accès au cégep et au laboratoire, outils essentiels de l’atteinte des compétences du programme. L’expérience acquise en enseignement technique à distance ne sera pas perdue et il est possible qu’à l’avenir on introduise des composantes de technopédagogie à distance.  On en parle déjà depuis 10 ans au moins. Plusieurs consortiums et groupes de travail au pays travaillent là-dessus depuis quelques années. Plusieurs membres du RCCFC déploient de la formation à distance avec succès. Les prochains mois nous feront encore cheminer sur la voie d’une pédagogie évolutive qui pourrait apporter des changements pérennes dans la façon d’aborder l’enseignement collégial régulier, technique et la formation continue dans la francophonie canadienne.

 

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