Le Manoir des Mal Aimés ou l'hôtelier qui n'aimait pas les syndicats
Mar. 4 janvier 2022 3 minutes
Il m’est difficile de faire une critique objective du roman de Mario B. Tremblay intitulé Le Manoir des mal-aimés et l’hôtelier qui n’aimait pas les syndicats. Cette histoire est tellement collée à propre vécu que je me retrouve littéralement plongé au cœur de l’intrigue.
D’abord je connais l’auteur depuis plus de 50 ans. Pendant une quinzaine d’années, nous fûmes inséparables, comme de véritables frères. Si Mario n’était pas chez lui, il était chez nous et vice versa. Nous avons commencé notre carrière professionnelle ensemble à la télévision communautaire et c’est à cette époque que s’incarne l’intrigue du roman. L’auteur avait déjà un premier roman à son actif qui s’appelle l’Actrice et le Pêcheur et qui raconte de façon romancée la vie de Ti-Jean Balise, célèbre cycliste pêcheur à l’éperlan de Pointe-au-Pic dans les années 70.
Les romans de Mario sont profondément enracinés dans un secteur de Pointe-au-Pic, autour du quai, du Manoir Richelieu, du boulevard des Falaises et de la côte Bellevue.
Le texte suscite des images réalistes pour ceux et celles qui y ont vécu ou travaillé. Mais dans cas, il y a beaucoup plus. Les personnages de Mario ont réellement vécu pour la plupart, il a simplement modifié le nom ou le prénom. Ainsi, dans le Manoir des mal-aimés je me reconnais en partie, mais je reconnais totalement ma grand-mère, mon grand-père, mon père, plusieurs de mes amis, de très nombreux personnages et même mon auto, une Lada jaune 1985. Même s’il s’agit de fiction très fortement inspirée de la réalité, les noms utilisés pour nommer les personnages ne laissent pas de doute. Ainsi l’hôtelier se nomme Roland Malfrat, la présidente du syndicat Louisette Picotte, le président de la CSN, Gérald Lafleur. Certains comme les fiers de bras envoyé parle syndicat à l’époque conservent leurs noms de famille en particulier le dénommé Boisvert.
Cette particularité sert le roman et l’histoire, car ça nous plonge au cœur de l’intrigue dont les grandes lignes sont tout de même différentes de ce qui s’est réellement passé. Un drame horrible constitue le pivot autour duquel s’articule le roman. Ce qu’il advient de Malfrat (Malenfant) est un peu décalé de la réalité quoi que…. La structure narrative peut être un peu complexe, car d’un chapitre à l’autre, on change d’époque et de contexte avec des retours en arrière. L’intrigue couvre principalement les années 1985 à 1994 et veut montrer que ce conflit très dur a eu des répercussions importantes sur plusieurs ex-syndiqués qui y ont sacrifié une partie ou la totalité de leur santé mentale.
Pour ma part, j’ai dévoré le roman comme rarement je le fais même si je lis constamment. Tout ceux et celles, qui comme moi, se retrouve dans le livre ou ont vécu les événement dont il est question doivent absolument lire l’ouvrage de Mario B. Tremblay. Je rêve depuis des années de faire un documentaire sur le conflit à l’aide des images captées par TVC-VM à l’époque puisque j’ai couvert ce conflit. J’ai l’impression que le Claude Gagné du roman est un mélange entre moi-même et André Gagné, aujourd’hui chef de pupitre à Salut Bonjour. Une chose est sûre mon Lada est bel et bien là.
Mario B. Tremblay a été plus vite que moi grâce à son approche romanesque il a pu raconter cette histoire qui a marqué Charlevoix, mais plus particulièrement le village de Pointe-au-Pic. Nous étions une famille et Malfrat était venu mettre la chicane. Des gens ont beaucoup souffert, Mario en témoigne dans son roman. Après ce conflit, notre petit village ne fut plus jamais le même. Des gens ont mis de longues années avant de remettre les pieds au Manoir Richelieu. L’arrivée du Casino a changé la donne.
Le Manoir des Mal aimés ou l’hôtelier qui n’aimait pas les syndicats est un incontournable pour toute personne qui a vécu de près ou de loin cette période tumultueuse de notre histoire locale et régionale.