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Arts & Culture

Un peu d’histoire: la vie de Sir Rodolphe Forget

Saint-Irénée

Jeu. 17 février 2022 4 minutes

Un peu d’histoire: la vie de Sir Rodolphe Forget
Un peu d’histoire: la vie de Sir Rodolphe Forget

Si vous avez déjà visité le Domaine Forget à Saint-Irénée, vous avez sans doute déjà remarqué les magnifiques bâtiments d’antan qui rappellent une époque bien différente. Avant de devenir l’académie réputée de musique et de danse surplombant le fleuve, la propriété était composée de trois demeures respectives appartenant à des citoyens importants: Joseph Lavergne (juge et collègue de Wilfrid Laurier), Adolphe-Basile Routhier (juge et poète auteur des paroles de « O Canada ») et finalement Sir Rodolphe Forget. En 1945, les Petites Franciscaines de Marie qui oeuvraient dans l’éducation de la région fusionnent les trois propriétés pour en faire un école. Ce n’est qu’en 1977, sous l'initiative du musicien Françoys Bernier et de l’École de Musique de Charlevoix que l’on reprend le « Domaine Forget » et le met tout entier à la disposition des arts d’interprétation. Découvrez qui est le grand homme derrière le nom de cette corporation vouée à la musique!


Né le 10 décembre 1861, Rodolphe Forget provient de l’union de David Forget, avocat, et d’Angèle Limoges, demi-sœur de Louis-Olivier Taillon, futur premier ministre de la province de Québec. Il grandit à Terrebonne en tant que fils unique où il entreprend ses études classiques au collège Masson. C’est à l’âge de 15 ans que Rodolphe Forget commence son apprentissage à la maison de courtage de son oncle Louis-Joseph Forget, la L. J. Forget et Compagnie, à la fin de ses études. La carrière du jeune homme d’affaires part du bon pied, comme L. J. Forget et Compagnie figure parmi les principales maisons de courtage du Canada ce qui les font connaître à l’étranger également. En 1890, le jeune Rodolphe décroche le poste d’associé dans l’entreprise de son oncle. Son ascension n’est toutefois pas le résultat d’un traitement de faveur familial, mais grâce à ses activités à la Bourse de Montréal qui prennent forme au même moment. 


Les Forget ne se limitent pas à un seul secteur d’activité: ils profitent de la révolution industrielle du 19e siècle pour se lancer dans l’industrie hydroélectrique et achètent en 1890 des actions de la Compagnie royale d’électricité. L’année suivante, les associés Forget acquissent le contrôle de l’entreprise. Rodolphe Forget désirait avoir la mainmise sur tout le secteur, alors son entreprise commença à absorber d’autres compagnies qui distribuaient de l’hydroélectricité à Montréal. Dès 1907, le Montreal Daily Star rangeait Forget parmi les millionnaires, un véritable exploit pour le canadien-français de l’époque.


Après avoir quasiment assuré le monopole du marché montréalais de l’hydroélectricité, Forget se tourne vers le secteur ferroviaire de la région de Québec. Au tournant du 20e siècle, le riche investisseur avait déjà une large portion du secteur. Il se présente en 1904 comme député pour le siège de Charlevoix aux Communes (représentant notre circonscription jusqu’en 1917) en promettant de construire un chemin de fer entre La Malbaie et Québec. Toujours à la même année, Sir Rodolphe détenait des intérêts dans la grande entreprise de transport La Compagnie de navigation du Richelieu et d’Ontario et en devient président. C’est à la tête de cette entreprise que l’homme d’affaire fut construire un hôtel à Tadoussac ainsi que le célèbre Manoir Richelieu qui passa sous les flammes en 1928 avant d’être reconstruit l’année suivante.


Sir Rodolphe Forget était détenteur et participait à plusieurs autres entreprises au cours de sa carrière, mais il ne se trouvait pas dans Charlevoix seulement pour travailler. En 1901, il fait construire à Saint-Irénée une somptueuse villa qui comprenait 16 chambres et une salle à manger qui pouvait asseoir 25 personnes. Sur la propriété, on pouvait y retrouver une ferme, des serres, un pavillon contenant une piscine, une salle de billard et une allée de quilles. Une incendie détruisit la villa en 1965.


Forget eut une fille de son premier mariage, Marguerite. Après la mort de sa première femme, Alexandra Tourville, il épousa Blanche McDonald, fille d’Alexander Roderick McDonald, surintendant de district de l’Intercolonial. Le couple eut trois fils, Gilles, Maurice et Jacques, et une fille, Thérèse, féministe et femme politique bien connue. Comme son mari, Madame Forget participait à des activités philanthropiques. Elle appartint au conseil d’administration de la Montreal Day Nursery et de l’hôpital Notre-Dame, et fut présidente de l’Institution des sourdes-muettes de Montréal. L’influence de sir Rodolphe Forget sur la scène politique et dans les milieux d’affaires canadiens de l’époque demeure inestimable. Il mourut le 19 février 1919, à l’âge de 57 ans, en laissant derrière lui un héritage exceptionnel.



*Informations tirées du Dictionnaire biographique du Canada




Par Léa Asselin-Abston

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