Éric Ottoyi, l'homme qui rêve au Québec sans renier son pays
Jeu. 29 octobre 2020 5 minutes
MonCharlevoix.net débute une nouvelle série de personnalité afin de permettre à ses lecteurs de connaître et de comprendre la vie de nos compatriotes humains qui vivent d'autres réalités parfois si éloignée, mais parfois aussi si proche. Une fois par semaine, à l'aide de mes contacts, je vous présenterai des personnes de tout âge avec qui j'ai des contacts suivis parfois depuis plusieurs années. Il y aura des Africains, des Marocains, des Algériens, des Brésiliens, des Américains et des Européens. Je vous invite également à me soumettre des suggestions de gens que vous connaissez et qui ont de belles histoires humaines.
Le Togo, en forme longue la République togolaise, est un État souverain d’Afrique de l'Ouest, dont la population est estimée en 2020 à environ 8,6 millions d’habitants pour une densité de 152 hab./km2. WIKIPÉDIA
C'est de ce petit pays africain qu'est originaire Éric Ottoyi, plus précisément de la ville d'ATAKPAME. Il s'agit d'une agglomération de 85 000 habitants dans la région des Plateaux à 160 kilomètres de la capitale Lomé. La langue locale est le lfé et l'ethnie est le Oyo venu du Nigéria. Son père était bijoutier et sa mère commerçante de pagnes africains. Ils étaient situés dans un marché de la ville pour exploiter leur petite entreprise. Étant jeune, Éric accompagnait souvent son père à la boutique durant les fins de semaine. La famille compte aussi deux soeurs et un demi-frère ce qui est une toute petite famille en Afrique. Les conditions de vie en Afrique se sont améliorées et la plupart des enfants ont accès à l'école. Ainsi Éric la fréquente dès la maternelle. Le réseau public était plutôt déficient, il va à l'école du Paradis qui est privée. Il commence à un jeune âge à jouer au football (soccer). Comme les pays africains francophones ont beaucoup hérité du système français, les enfants doivent passer un examen général pour passer du primaire au secondaire. Heureusement Éric réussit et passe au niveau suivant. Il se passionne pour le soccer, il joue dans les équipes de son école comme milieu de terrain et il se débrouille plutôt bien en 3e division. Il tente d'intégrer une école de foot, mais ça ne fonctionne pas. L'équipe nationale du Togo s'appelle Les Éperviers, mais ils n'attrapent pas souvent leur proie.
Il commence à s'intéresser aux oeuvres humanitaires par le biais de son oncle qui est prêtre et qui vit en France. C'est à 14-15 ans que pour la première fois , il côtoie des Blancs alors qu'il aide son oncle à construire une école. Il fréquente le lycée Sacré Coeur pour l'équivalent de son secondaire 4 et 5. Il suit la filière commerciale qui mène à l'université. Il doit déménager à Lomé pour poursuivre ses études à l'université privée ESAGNDE dirigée par des religieuses. Il habite chez un de ses oncles et comme il doit parcourir pour aller à l'université il doit partir à 5 heures le matin et il revient le soir à 21h. De temps à autre il peut prendre une moto taxi ce qui abrège le trajet. Il obtient une licence en gestion commerciale et marketing.
Pendant ses études, il fait des stages dans des institutions financières, dont un an dans sa ville d'origine sur un total de 5 ans. Les stagiaires ne sont pas payés, mais ils touchent des primes. Les fins de semaine sont plutôt tranquilles, les activités de loisirs sont peu développées surtout quand on a pas d'argent. Il continue de pratiquer le soccer pour le plaisir. Il n'est pas du genre à sortir dans les bars. Il reste en famille.
Le grand défi des jeunes Africains d'aujourd'hui arrive à la fin de leurs études. L’emploi est rare pour les universitaires et en Afrique le copinage fait loi, il faut connaître quelqu'un pour pouvoir entrer dans une administration ou une entreprise. Les petits cadeaux ou même les gros sont toujours bienvenus. Au Togo, il y un manque de formation technique. Beaucoup de sociologues, de politicologues pour un besoin plus basique de l'économie.
Emmanuel, un ami d'Éric part étudier au Québec à l'Université Laval. Il convainc Éric de déposer une demande d'admission pour venir lui aussi. Il fait les démarches et obtient son CAQ (certificat d'acceptation du Québec), mais est refusé au fédéral pour le permis d'études en raison de fonds insuffisants. C'est un dur coup pour Éric qui s'était beaucoup investi dans cette démarche. Il faut une nouvelle demande pour la session suivante, il est de nouveau refusé. Il décide d'essayer de comprendre ce qui justifie ce refus et cela l'amène à avoir une très bonne connaissance du processus de demande de permis d'études. En 2018, la Cité collégiale d'Ottawa est à Lomé et Éric va rencontrer le représentant. Il démontre si bien ses connaissances qu'on lui offre de représenter le collège ontarien au Togo. Éric recrute plusieurs étudiants et les aide à obtenir leurs permis d'études. Il cible les écoles sous régime français fréquentées par les Togolais mieux nantis pour qu'ils aient la chance d'obtenir le permis.
Il travaille aussi avec l'organisme humanitaire ECHO qui accueille des stagiaires cégépiens ou collégiens au Togo. Ce sont des projets qui touchent à la qualité de l'eau dans les villages. Il reste ainsi en contact avec les Canadiens et il se spécialise de plus en plus sur le Québec. À 28 ans, il aimerait toujours venir vivre au Québec, mais contrairement à son désir de jeunesse de fuir le Togo, il veut sincèrement bâtir quelque chose dans son pays.
Cette première personnalité du monde vous a présenté un jeune homme pas tellement différent des jeunes Québécois de son âge. Cela démontre que l'Afrique est bien entrée dans le monde moderne et que malgré une pauvreté encore inacceptable les jeunes de plus en plus éduqués portent l'espoir d'une société meilleure. Il y a encore beaucoup de travail, mais des jeunes comme Éric font partie de la solution.
Le Togo, en forme longue la République togolaise, est un État souverain d’Afrique de l'Ouest, dont la population est estimée en 2020 à environ 8,6 millions d’habitants pour une densité de 152 hab./km2. WIKIPÉDIA
C'est de ce petit pays africain qu'est originaire Éric Ottoyi, plus précisément de la ville d'ATAKPAME. Il s'agit d'une agglomération de 85 000 habitants dans la région des Plateaux à 160 kilomètres de la capitale Lomé. La langue locale est le lfé et l'ethnie est le Oyo venu du Nigéria. Son père était bijoutier et sa mère commerçante de pagnes africains. Ils étaient situés dans un marché de la ville pour exploiter leur petite entreprise. Étant jeune, Éric accompagnait souvent son père à la boutique durant les fins de semaine. La famille compte aussi deux soeurs et un demi-frère ce qui est une toute petite famille en Afrique. Les conditions de vie en Afrique se sont améliorées et la plupart des enfants ont accès à l'école. Ainsi Éric la fréquente dès la maternelle. Le réseau public était plutôt déficient, il va à l'école du Paradis qui est privée. Il commence à un jeune âge à jouer au football (soccer). Comme les pays africains francophones ont beaucoup hérité du système français, les enfants doivent passer un examen général pour passer du primaire au secondaire. Heureusement Éric réussit et passe au niveau suivant. Il se passionne pour le soccer, il joue dans les équipes de son école comme milieu de terrain et il se débrouille plutôt bien en 3e division. Il tente d'intégrer une école de foot, mais ça ne fonctionne pas. L'équipe nationale du Togo s'appelle Les Éperviers, mais ils n'attrapent pas souvent leur proie.
Il commence à s'intéresser aux oeuvres humanitaires par le biais de son oncle qui est prêtre et qui vit en France. C'est à 14-15 ans que pour la première fois , il côtoie des Blancs alors qu'il aide son oncle à construire une école. Il fréquente le lycée Sacré Coeur pour l'équivalent de son secondaire 4 et 5. Il suit la filière commerciale qui mène à l'université. Il doit déménager à Lomé pour poursuivre ses études à l'université privée ESAGNDE dirigée par des religieuses. Il habite chez un de ses oncles et comme il doit parcourir pour aller à l'université il doit partir à 5 heures le matin et il revient le soir à 21h. De temps à autre il peut prendre une moto taxi ce qui abrège le trajet. Il obtient une licence en gestion commerciale et marketing.
Pendant ses études, il fait des stages dans des institutions financières, dont un an dans sa ville d'origine sur un total de 5 ans. Les stagiaires ne sont pas payés, mais ils touchent des primes. Les fins de semaine sont plutôt tranquilles, les activités de loisirs sont peu développées surtout quand on a pas d'argent. Il continue de pratiquer le soccer pour le plaisir. Il n'est pas du genre à sortir dans les bars. Il reste en famille.
Le grand défi des jeunes Africains d'aujourd'hui arrive à la fin de leurs études. L’emploi est rare pour les universitaires et en Afrique le copinage fait loi, il faut connaître quelqu'un pour pouvoir entrer dans une administration ou une entreprise. Les petits cadeaux ou même les gros sont toujours bienvenus. Au Togo, il y un manque de formation technique. Beaucoup de sociologues, de politicologues pour un besoin plus basique de l'économie.
Emmanuel, un ami d'Éric part étudier au Québec à l'Université Laval. Il convainc Éric de déposer une demande d'admission pour venir lui aussi. Il fait les démarches et obtient son CAQ (certificat d'acceptation du Québec), mais est refusé au fédéral pour le permis d'études en raison de fonds insuffisants. C'est un dur coup pour Éric qui s'était beaucoup investi dans cette démarche. Il faut une nouvelle demande pour la session suivante, il est de nouveau refusé. Il décide d'essayer de comprendre ce qui justifie ce refus et cela l'amène à avoir une très bonne connaissance du processus de demande de permis d'études. En 2018, la Cité collégiale d'Ottawa est à Lomé et Éric va rencontrer le représentant. Il démontre si bien ses connaissances qu'on lui offre de représenter le collège ontarien au Togo. Éric recrute plusieurs étudiants et les aide à obtenir leurs permis d'études. Il cible les écoles sous régime français fréquentées par les Togolais mieux nantis pour qu'ils aient la chance d'obtenir le permis.
Il travaille aussi avec l'organisme humanitaire ECHO qui accueille des stagiaires cégépiens ou collégiens au Togo. Ce sont des projets qui touchent à la qualité de l'eau dans les villages. Il reste ainsi en contact avec les Canadiens et il se spécialise de plus en plus sur le Québec. À 28 ans, il aimerait toujours venir vivre au Québec, mais contrairement à son désir de jeunesse de fuir le Togo, il veut sincèrement bâtir quelque chose dans son pays.
Cette première personnalité du monde vous a présenté un jeune homme pas tellement différent des jeunes Québécois de son âge. Cela démontre que l'Afrique est bien entrée dans le monde moderne et que malgré une pauvreté encore inacceptable les jeunes de plus en plus éduqués portent l'espoir d'une société meilleure. Il y a encore beaucoup de travail, mais des jeunes comme Éric font partie de la solution.