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Formation professionnelle et technique : y en aura pas de facile

Jeu. 12 septembre 2019 4 minutes

Formation professionnelle et technique : y en aura pas de facile
Formation professionnelle et technique : y en aura pas de facile
La Commission scolaire de Charlevoix vient d’annoncer qu’elle ne démarrera pas la cohorte de cuisine d’établissement cette année. puisque qu’elle n’a que deux inscriptions, même chose en soudure où personne ne frappe à la porte. Les futures infirmières auxiliaires ne sont que 10 pour 22 places disponibles. Dans ces trois filières, de grandes entreprises de la région sont en quête de ressources, pensons seulement au Fairmont La Manoir Richelieu, le futur Club Med, Groupe Océan et le CIUSSS Capitale Nationale.

Notre collectivité est difficilement en mesure de produire les travailleurs et travailleuses souhaités par ces seules entreprises sans compter Emmanuel Simard et fils et Fibrotek. Même Résolu peine à trouver des employés formés, l’inquiétude qui plane au-dessus de l’avenir de l’usine n’est pas très attractif. Au niveau collégial, les programmes techniques connaissent des hauts et des bas.  Soins infirmiers a suspendu ses admissions l’an dernier, Gestion de Commerce survit avec des cohortes peu nombreuses. Le financement des programmes d’études fait en sorte que les cohortes grèvent les finances des commissions scolaires et des cégeps alors que les établissements des villes ont le plus souvent des groupes complets. Cela créé une iniquité entre la ville et la campagne. Les urbains s’enrichissent et les ruraux s’appauvrissent et c’est comme ça depuis des années. Le modèle de financement des cégeps vient d’être revu pour répondre à ce problème, ce qui donne par exemple un million supplémentaire au Cégep de La Pocatière. Difficile de savoir combien pour le CECC qui est inclus dans le périmètre du Cégep de Jonquière. À l’opposée, la Commission scolaire jongle avec un déficit structurel de 1 million, ce qui l’oblige à surveiller ses finances de près. Cette dernière demande l’octroi d’un programme exclusif à notre région qui attirerait des élèves de tout le Québec et pourquoi pas de l’international. Mais le choix d’un tel programme est difficile, la carte est très élaborée au Québec, doit-on choisir un programme peu répandu qui se donne ailleurs? Doit-on créer un nouveau programme adapté au besoin du marché du travail (ex : marin sur bateau d’excursion)? A La Pocatière lorsque j’y étais, nous avions fait une analyse pour trouver un nouveau programme exclusif pour contrer la baisse de clientèle. Nous avions identifié Audioprothèse qui se donnait uniquement au Cégep de Rosemont à Montréal. Le Ministère a accepté de nous donner l’autorisation à condition de fermer Arts Plastiques où il ne restait que 4 ou 5 étudiants. Nous avons investi près d’un million pour monter les salles de cours et les laboratoires. Ce programme est maintenant la référence en audition dans l’Est du Québec. La moitié des étudiants proviennent de la France et les premiers finissants ouvrent leurs propres cliniques depuis deux ans. Il est donc possible de relancer un secteur de formation avec un programme porteur. Parfois malheureusement ça ne fonctionne pas. Quand je suis arrivé au CECC en 1999, un programme en Gestion d’Auberge avait été créé avec l’Institut de tourisme et d’hôtellerie de Montréal. Ce fut un échec presque complet, malgré les sommes investies en partenariat avec la Commission scolaire. Une seule cohorte a péniblement démarré avec seulement 7 élèves. La fonction de travail n’était pas suffisamment attirante. Malheureusement, c’est presque toujours le cas dans Charlevoix pour les programmes liés au tourisme. Je suis toujours triste de voir les programmes de cuisine ou de service ne pas démarrer. Il y a pourtant de l’emploi en quantité dans ce domaine. Mais les conditions de travail rebutent parfois à tort. J’ai des amis cuisiniers qui gagnent très bien leur vie et qui ont de bons horaires après quelques années. Durant l’été, les employés de service touchent de généreux pourboires dans nos restaurants de tous les niveaux.

La moitié des étudiants du Cégep de Matane viennent de l’international, 165 à Rivière-du-Loup et 85 à La Pocatière entre autres. Les étudiants internationaux ont sauvé plusieurs programmes et peut-être des cégeps au cours des dernières années. Dans Charlevoix, nous ne jouons pas du tout dans cette partie. Il semble y en avoir 2 au CECC et je sais que la Commission scolaire en a eu quelques uns par le passé. Est-ce une avenue à explorer pour nos institutions ? Je pense que oui, mais ça suppose des investissements et surtout l’implication de la communauté pour l’accueil de ces personnes aux couleurs et aux cultures variées. Parfois je suis pessimiste à ce niveau et je doute de notre capacité collective à vivre la diversité. Mais je souhaite me tromper. Une chose est sûre pour que nos institutions scolaires soient fortes et attractives, nous devons oser et innover. J’ai confiance que notre Commission scolaire trouvera le programme scolaire qui nous rendra distinctif et je souhaite que le Cégep de Jonquière agisse dans Charlevoix comme il le ferait sur la rue Saint-Hubert à Saguenay. En ce sens, le dossier de la construction d’un gymnase sur les terrains de la Caisse Populaire est crucial et attendu depuis 25 longues années. Nous en avons assez d’attendre, une mobilisation sera peut-être nécessaire. L’éducation est le solage d’une collectivité, il est temps de le solidifier et de passer à la rénovation de l’édifice.

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