Gens de chez nous | La ferme du Ruisseau Jureux
Mar. 24 septembre 2024 3 minutes
Par André Magny
Après plusieurs années à œuvrer au sein d’organismes communautaires et écologiques, Étienne Girard-Migneault a décidé de trouver un nouveau souffle dans son désir de changer son environnement : cultiver la terre tout en la respectant.
Changer le monde un sillon à la fois
Faute de temps, il n’y a peut-être pas encore de pancarte installée au chemin pour signaler sa présence, mais la Ferme du Ruisseau-Jureux, sise au 1400 du Ruisseau-Jureux à Saint-Irénée, mérite l’arrêt. Ne serait-ce que pour s’approvisionner en goûteux légumes proposés bien au frais dans un présentoir libre-service jusqu’autour de la fin octobre. On peut aussi s’y procurer des paniers tous les jeudis jusqu’en décembre ou faire un tour les samedis matin – jusqu’à l’Action de grâce - au marché de La Malbaie pour jeter un coup d’œil à la récolte du moment de la ferme et en apprendre davantage sur la philosophie cachée derrière la pousse d’un concombre jaune ou la texture d’une aubergine.
C’est en 2020 qu’Étienne Girard-Migneault, qui a roulé sa bosse dans diverses fermes et dans les milieux écologiques, acquiert le pâturage, la maison et une grange construite au milieu du XIXe siècle et inventoriée au patrimoine, de Colin Cabot, de la célèbre famille d’origine américaine aux racines charlevoisiennes, qui a tant fait pour protéger le patrimoine d’ici. Celui qui a un baccalauréat en économie politique ainsi que des cours en agronomie de l’Université Laval explique que les négociations ont duré 3 ans avec Colin, le temps de le convaincre et de le rassurer sur ce que deviendra son bien : une ferme écologique dans le respect de la tradition paysanne.
Hormis quelques plants produits sur des bâches, l’essentiel de la production d’Étienne se retrouve dans deux serres : l’une chaude et l’autre froide, en respectant, bien sûr, le principe de la rotation des cultures. Au moment de la visite de Mon Charlevoix à la Ferme du Ruisseau-Jureux, on y retrouvait notamment des épinards, des carottes, des betteraves, des poireaux et de la rabiole dans la serre froide, alors que la voisine d’à côté, la serre chaude regorgeait, entre autres, de tomates cerises tellement appétissantes tant par leur couleur que la fermeté de leur chair.
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Bio et techno
Ceux qui auraient encore dans leur tête l’image que la production biologique est contre les nouvelles technologies feraient bien de s’arrêter à la Ferme du Ruisseau-Jureux.
Les serres de M. Girard-Migneault sont à la fine pointe du numérique. Grâce à l’octroi de subventions accordées aux serristes pendant la pandémie et au programme de transition énergétique du gouvernement du Québec pour s’éloigner des énergies fossiles, il a pu construire deux serres chauffées à l’électricité. Elles sont littéralement surveillées et fonctionnent grâce à un tableau de contrôle gérant le système d’irrigation, la température et la luminosité. S’il est au marché en train de vendre ses légumes et que survient un pépin, il est automatiquement alerté par son téléphone relié à ce tableau numérique. Tout peut être contrôlé à distance. La grande classe !
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Étienne Girard-Migneault est-il le seul à penser que s’il travaille pour la terre, c’est aussi pour le bien-être de ses voisins charlevoisiens qu’il travaille ? Sûrement pas, car il fait également partie de l’Association des producteurs maraîchers et fruitiers de Charlevoix dont l’un des objectifs est de promouvoir une production biologique et locale. L’association permet certains partenariats comme c’est le cas de la Ferme du Ruisseau-Jureux avec le Potager de la Crapaudine ou encore le Jardin des chefs et la Ferme des bouleaux ou parfois on vend les produits des uns et des autres quand un producteur ne peut pas se déplacer à tel ou tel endroit.
Arrêtez-vous donc à Saint-Irénée. Etienne Girard-Migneault, passionné par ce qu’il fait, sera heureux de partager avec « une clientèle qui comprend et apprécie ce que je fais. »