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Personnalite du jour | Mathieu Boudreault
Mar. 27 août 2024 3 minutes
Par André Magny
Si Abraham Martin (eh oui, le proprio des Plaines !) semble avoir été le premier pilote sur le Saint-Laurent, c’est principalement dans la deuxième période du XIXe siècle que les pilotes du Saint-Laurent se font de plus en plus connaître et surtout reconnaître. Depuis 2019, Mathieu Boudreault appartient à cette lignée.
Piloter sur le fleuve aux grandes eaux
Il aura fallu deux ans d’apprentissage au Charlevoisien d’origine et 240 voyages sur le fleuve ainsi que dans la rivière Saguenay afin de répéter certaines manœuvres propres à la fonction de pilote. À cela s’ajoutent divers examens afin d’obtenir un brevet de pilotage. Mais ce n’est pas tout. On ne commence pas sa période de formation, non sans avoir été d’abord sur les bancs d’une école reconnue par le gouvernement canadien. On se rappellera que, le système étant ce qu’il est, c’est le Canada qui régit ce qui se passe sur les cours d’eau québécois. Dans le cas de Mathieu Boudreault, il était passé par l’Institut maritime du Québec à Rimouski entre 2006 et 2010.
C’est un long processus qui, selon celui qui a navigué notamment aux Îles-de-la-Madeleine, sur la Basse-Côte-Nord ainsi que dans l’Arctique canadien, « demande beaucoup de motivation et d’être aussi autodidacte. » Il faut savoir que tant qu’une personne n’a pas son brevet de capitaine, elle ne peut commencer les démarches pour devenir pilote. Selon le navigateur québécois, il faut compter un bon six ou sept ans de d’expérience à titre d’officier de navigation avant d’être promu au rang de pilote.
Une corporation à la fine pointe de la technologie
La formation se donnent à l’interne. Pour la portion Les Escoumins-Québec, c’est la Corporation des pilotes du Bas-Saint-Laurent qui s’occupent d’encadrer les aspirants et aspirantes aux fonctions de pilote. La Corporation a un simulateur de navigation dans le port de Québec. Tous les apprentis-pilotes reçoivent la même formation. Ils arrivent à l’examen final avec les mêmes connaissances. Chaque candidat a trois chances pour réussir l’examen final. « Quand un candidat est sélectionné par la Corporation, c’est parce que la Corporation reconnaît les compétences du candidat », explique celui qui est aussi pilote-instructeur et membre du CA au sein de la Corporation des pilotes du Bas-St-Laurent depuis peu.
Tout au long de leur carrière, le centre de simulation du Centre de simulation et d’expertise maritime permet d’offrir aux pilotes une formation continue spécialisée sur leurs connaissances locales.
Le simulateur permet de former non seulement des pilotes québécois, mais d’autres pays comme les États-Unis voire du Vietnam. Comme l’explique M. Boudreault, « notre simulateur est vraiment bien reconnu en termes de réalisme. Les bateaux sont modélisés par nos pilotes. »
Un métier diversifié
Ce n’est pas un hasard si les conditions de travail des pilotes sortent quelque peu des sentiers battus. Selon un horaire conçu autour du principe de 3 semaines de travail et de deux semaines de congé avec en moyenne quatre bateaux à piloter par semaine, celui qui est assigné à la route maritime Les Escoumins-Québec considère que les conditions de travail qui prévalent actuellement ont comme principal objectif d’assurer la sécurité sur le fleuve. (photo 4 – Manœuvre d’accostage)
Le système de pilotage est conçu pour être efficace et assurer la sécurité sur un fleuve difficile à naviguer. Il permet de protéger l’environnement et l’intérêt public. » C’est-à-dire ? « Si on a des pilotes au Québec, c’est aussi pour assurer des communications en français avec les centres de trafics maritimes, les plaisanciers et les traversiers »
Si la vie d’un pilote sur le Saint-Laurent ne se fait pas nécessairement sur un long fleuve tranquille, celui-ci demeure pour Mathieu Boudreault un plan d’eau exceptionnel. Et il a de quoi comparer puisque son métier l’a amené sur des fleuves comme le détroit d’Istanbul en Turquie, rien de moins !