Hors série: Ève Landry la fille du sud

Ven. 12 février 2021 6 minutes

Hors série: Ève Landry la fille du sud
Hors série: Ève Landry la fille du sud
MonCharlevoix.net comme l'indique son nom, publie habituellement des textes sur des personnalités de notre région. Mais en Charlevoisien que nous sommes, notre regard porte souvent au-delà de l'étendue d'eau froide et salée qui borde plusieurs de nos villages. Nous pouvons deviner des noms de localités comme Saint-Jean Port Joli, La Pocatière, Kamouraska et un peu en retrait des berges, la ville de Saint-Pascal. Les plus vieux d'entre nous se souviennent de CHGB 1310 et de CKRT à une époque où les nouvelles de Charlevoix traversaient le fleuve pour nous revenir. Dans un coin de nos souvenirs, nous avons un Khazoom limité, un matelas Réal Levasseur, un Plourde automobiles et bien d'autres commerces. Malgré les 20 kilomètres quasi infranchissables par les flots, nous sommes cousins. Si le nord paraît plus proche pour le sud que le sud pour le nord, nous connaissons les noms des villages et des grandes familles comme les Pelletier, les Dionne, les Bossé, les Théberge, les Thiboutot et les Landry qui ont leurs origines en Acadie.

Êve Landry a vu le jour à Saint-Pascal, ville située à quelques kilomètres en haut des berges du fleuve, face à Saint-Fidèle. Son père et sa mère sont Yvon Landry et France Caron et elle a une soeur aînée de seize mois plus vieille qu'elle. En 1985 dans la belle région de Kamouraska, naquit une belle jeune fille au prénom de Ève !  Son père travaillait au moulin à bois de Saint-Joseph de Kamouraska et sa mère chez Mario Bernier Excavation. Dès son plus jeune âge, Ève a la passion de la scène, de l'improvisation et du chant. Toute petite, elle courait les concours amateur de la région pour se produire devant public notamment dans des performances de lypsinc. Comme on peut dire, son parcours était prédestiné.

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La rencontre d'un coach de Rivière-du-Loup, Michael Pelletier qui a décelé tout son talent, la met définitivement sur la voie des arts de la scène. Au secondaire, elle a participé à de très nombreux matchs et tournois d'improvisation. Comme elle trouvait qu'il n'y en a jamais assez, à seize ans, elle a fondé à Saint-Pascal, un des plus importants tournois au niveau secondaire au Québec. Elle avait également des talents sportifs, notamment en volleyball, sport qu'elle pratiquait avec sa famille. Elle aurait peut-être pu être parmi l'élite, mais il a fallu faire un choix. Aujourd'hui elle est toujours sportive, mais dans une plus grande variété de disciplines.

À 17 ans, elle a quitté le Kamouraska pour étudier en théâtre-interprétation au Cégep de Sainte-Thérèse d'où sont issus de nombreux (ses) comédiens(nes) québécois (ses). Une amie de Rivière-du-Loup a choisi un autre programme, mais elle a abandonné au bout d'un mois ce qui n'a pas empêché Ève de s'adapter très rapidement à son nouvel environnement. L'improvisation est monté d'un cran avec un groupe important de futurs comédiens professionnels et Ève a relevé le défi avec enthousiasme ce qui l’a mené à la Ligue Nationale d'improvisation (LNI) en tant que joueuse étoile.

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Après son Cégep en 2004, elle est entrée au Conservatoire d'art dramatique de Montréal.  À sa sortie en 2007, elle a fait beaucoup de théâtre, notamment pour enfants, avec le metteur en scène Benoît Vermeulen. La troupe jouait plus souvent en Europe qu'au Québec, car la France encourage beaucoup les classes à assister à des pièces de théâtre ce qui n’est pas le cas ici. Cette aventure a duré 5 ans.

En 2011 est arrivé l'événement qui a fait exploser la carrière d'Ève avec le rôle de Jeanne dans Unité 9 où elle a pu démontrer toute l'étendue de son immense talent de comédienne. Elle y a joué , avec intensité et des subtilités émotives intenses,  un rôle d'une grande complexité. Son interprétation était si convaincante qu'on oubliait totalement la comédienne pour se concentrer totalement sur Jeanne, fille meurtrie, mais d'une intelligence supérieure. Elle a probablement donné vie à un des rares personnages de la télé québécoise avec une telle intensité dramatique. Dans Unité 9, elle était aussi entourée de grandes comédiennes comme Guylaine Tremblay, de Petite-Rivière-Saint-François et Céline Bonnier. Elle a d'ailleurs conservé une grande amitié avec notre concitoyenne charlevoisienne. Comme quoi la rive nord et la rive sud du Saint-Laurent ne sont jamais bien loin.

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En plus de ses rôles à la télévision, Ève a joué dans une dizaine de pièces de théâtres majeures depuis 10 ans. On l'a vu aussi dans l'émission jeunesse ''Salmigondis'' pendant 3 ans.

[caption id="attachment_78841" align="alignnone" width="1024"]Photo: Youtube Photo: Youtube[/caption]

Quand je lui ai demandé comment elle se préparait pour ses rôles, elle m'a fait comprendre que ça va bien au-delà que d'apprendre des textes par coeur. Elle trouve irresponsables les interprètes qui se préparent à la dernière minute, car ils ont une très bonne mémoire. Pour elle, l'intériorité du personnage est ce qu'il y a de plus important. Progressivement elle se met dans la peau du personnage pour lui donner la couleur et les intonations dramatiques ou comiques qui le rende crédible pour le public. Pour le texte, elle le lit très souvent à voix basse jusqu'à ce qu'il se déroule automatiquement dans sa tête, une phrase en appelant une autre. La façon dont elle a joué le rôle de Jeanne est une illustration très claire de sa façon d'approcher les rôles qu'on lui confie. Elle n'est pas très attirée par certains téléromans qui restent plus au niveau de la superficialité et elle peut refuser des rôles qui ne lui permettraient pas de s'accomplir comme artiste. En ce sens, elle est entière et sans beaucoup de compromis. Par contre, elle sait bien s'amuser quand il le faut et on peut le constater sur certains plateaux plus légers comme des jeux-questionnaires et ceux où elle met ses talents de chanteuse en avant.

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Dans les dernières années, Ève a eu 2 enfants. Pour une comédienne, la conciliation travail-famille n'est pas toujours facile. Les contrats varient de beaucoup à pas du tout. Dans le premier cas, il y a la culpabilité de trop travailler et dans le deuxième cas, il y a l'angoisse de l'absence de revenus réguliers. Elle devait jouer dans une comédie musicale, mais malheureusement, la pandémie a ''scrapé'' le projet, cette période étant très dure pour le milieu artistique.

Ève et sa famille habitent le quartier Centre-Sud de Montréal. En temps normal, elle visite sa famille à Saint-Pascal environ six fois par année. Quand elle se promène dans la petite ville, elle se sent bien parce qu'elle est parmi les siens, les gens qui l'ont vu grandir. C'est avec plaisir qu'elle reçoit les salutations des gens de la place. Elle ne veut pas trop s'étendre sur son travail dans de longues conversations puisqu'elle est en vacances. À Montréal, on la reconnaît aussi et son quartier est comme un village. Elle est souvent venue dans Charlevoix. Elle a un peu de difficulté à y venir en vacances parce qu'elle est trop proche de chez ses parents qui aiment la garder au sud et voir les petits-enfants. Elle aime cependant beaucoup la région et se promet de prendre le traversier éventuellement pour nous visiter puisque nous sommes seulement à 20 kilomètres de distance.

 

 

 

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