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Laurent Lafleur, un peintre épris de liberté

La Malbaie

Mar. 6 octobre 2020 5 minutes

Laurent Lafleur, un peintre épris de liberté
Laurent Lafleur, un peintre épris de liberté
Laurent Lafleur est natif de Clarence Creek en Ontario francophone, près de chez Guy Lafleur, mais sans aucun lien de parenté. Dès son plus jeune âge, la famille déménage à Montréal, mais il revient tous les étés dans l'Est ontarien. À cette époque, il ne se rend pas compte qu'on parle en anglais en Ontario parce qu'autour de lui tout le monde parle français. Il a 4 frères et une soeur malade qu'il ne voit pas beaucoup puisqu'elle est en institution. À Montréal, la famille habite le Plateau Mont-Royal. Il fréquente le Cégep Saint-Laurent avec objectif de devenir psychologue. Il se passionne pour la parapsychologie et tente même des expériences de télépathies. Il fréquente la franc-maçonnerie, fonde un ashram et fait du yoga.

Un jour, il trouve une pile de Paris Match où il y a des images de peintures plutôt abstraites. Il se dit qu'il serait capable de faire ça. Enfant timide il fait ses premières toiles sur du carton, mais il prend de l'assurance et de l'expérience. C'est un point tournant de son existence. Il complète cependant son bac en psychologie. Pendant ses études, il se lie d'amitié avec un peintre qui vend des tableaux sur la rue. Il fait des ménages chez de vieilles dames et de fil en aiguille il commence lui aussi à vendre des tableaux sur la rue et ça se passe plutôt bien. Il considère cela comme un travail comme un autre, sans plus. Cependant, il vivra uniquement de sa peinture à partir de ce moment. La dernière année où il peint à temps plein, il vend 854 tableaux. Malgré son diplôme en psychologie, il ne sent pas l'appel de cette profession.

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Il reçoit un appel de l'Artisanat du Cran à Pointe-au-Pic qui cherchait un peintre pour occuper le garage de la Maison Vanier en haut de la Côte du Quai. Il débarque pour 2 ou 3 semaines en octobre 1982 dans un endroit qu'il ne connaissait pas du tout. Il revient l'année suivante jusqu'à aujourd'hui 36 ans plus tard. Il arrive en avril et repart fin octobre pour passer l'hiver sur la rue Saint-André à Montréal. Il produit en hiver et il fait une grosse exposition au printemps où il vend entre 40 et 50 tableaux, assurant amplement sa subsistance. Il va jusqu'à acheter un duplex pour tenir ses vernissages.

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Il voit passer une jolie fille sur la rue Richelieu avec un landau, Il a le coup de foudre. C'est la peintre Anne Warren (RIP), ils deviennent amoureux et seront ensemble pendant 7 ans. Anne tombe malade (schizophrénie) et l'idylle se termine difficilement, mais Laurent ne l'oubliera jamais et il sera présent pour elle, surtout les derniers temps de sa vie où il l'a accompagnée très fidèlement.

Il expose aussi dans plusieurs galeries et ses tableaux se vendent très bien. Il a aussi accumulé au cours des ans une liste de 1800 clients. Il qualifie cependant les galeries de ''magasins de peinture'', c'est-à-dire que tout est calculé en fonction de vendre et non pas de la qualité artistique des oeuvres. Il va jusqu'à dire qu'il est le seul peintre véritablement créatif dans son environnement. Depuis ses débuts, les prix de ses tableaux ont constamment augmenté en fonction de l'offre et la demande. La plupart d'entre eux se vendent de 3000 à 5000$ et il en vend. À la mi-trentaine, il possède 3 maisons sur le Plateau Mont-Royal.

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À un certain moment, il a fait imprimer des milliers de cartes avec ses tableaux, cela lui sert de cartes professionnelles et pour faire circuler ses oeuvres. Cartes postales, cartes de souhaits sont disponibles un peu partout dans Charlevoix. Il est aussi généreux avec plusieurs oeuvres sociales, il n'est pas rare qu'un tableau de Lafleur soit offert en prix pour une cause charlevoisienne.

Il commence à fréquence une Chinoise et cela l'amène dans une nouvelle aventure. Il reçoit un appel de Christie's , une célèbre firme d'encanteurs de luxe qui désire vendre ses tableaux en Chine. Il va vivre là-bas quelque mois et les encanteurs tentent de vendre ses tableaux à prix très élevé à des clients asiatiques. Aucune vente n'est conclue, mais l'expérience en a valu la peine.

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Il y a quelques années, il a construit un annexe à son atelier pour y habiter. On ne le voit presque pas lorsqu'on passe, ça semble tout petit, mais Laurent y passe 6 mois par année, ouvrant son atelier au public sans véritable horaire, ne faisant pas tant d'efforts pour pousser la vente de ses peintures même s'il réussit toujours à en vendre. En 2010, les Éditions GID ont consacré un livre d'art à ses oeuvres qui allient le fantastique et le réel. Il a même été président des sceptiques du Québec, un regroupement où le principe est de douter de toute affirmation qui fait intervenir des forces surnaturelles. Ils ont offert 1 000 000$ à toute personne pouvant produire un événement surnaturelle, personne ne l'a réclamé.

Il vit de sa peinture depuis 43 ans. Cette année, il dit que pour contrecarrer la dégradation de Pointe-au-Pic, il a voulu faire une oeuvre qui durerait. Il a donc construit un château avec des blocs de béton et des pierres. En voici une photo qui n'est pas encore la forme finale.

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Il décrit sa peinture comme étant drôle, réfléchie, satirique, romantique, scientifique et philosophique. Laurent Lafleur dit qu'il reviendra à son atelier chaque été jusqu'à sa mort, il fait partie de la vie de Pointe-au-Pic depuis presque un demi-siècle et veut encore revenir chaque été à Murray Bay comme les villégiateurs d'autrefois.

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