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Le rat des villes et le rat des champs

Lun. 22 juillet 2019 3 minutes

Le rat des villes et le rat des champs
Le rat des villes et le rat des champs
Depuis la publication d'articles dans le Journal de Québec sur la fermeture possible de 21 villes et villages de la région de Québec et du Bas-Saint-Laurent d'ici 2025, les politiciens municipaux et les réseaux sociaux sont en feu. La réaction de plusieurs maires et préfets ne s'est pas faite attendre. Outrés qu’ils étaient de voir leur municipalités dans la liste, ils sont montés au créneau en disant que le soi-disant expert Bernier fait une analyse catastrophiste qui ne tient pas compte de la vitalité interne des villages.

Peut-être mais cela ne rajeunit pas la population. Il y a quelques semaines, j’ai fait une chronique sur le nombre de maisons à vendre dans Charlevoix. J'arrive de Saguenay et j’ai remarqué qu'il y a beaucoup moins de maisons à vendre qu'ici. Est-ce le signe d'un milieu moins dévitalise? Personnellement je crois que oui. Charlevoix vieillit et encore une fois plus dans l'est que dans l’Ouest. De là à fermer les municipalités en 2025, peut-être pas. Je suis pas très inquiet pour Sagard tant que la famille Desmarais se préoccupera du Domaine Lafôret mais le patriarche n'étant plus là, rien ne dit que la même passion que leur père les animera. On sait déjà qu'André préfère l'agriculture biologique et la chasse aux faisans. Par contre cela amène de l'eau au moulin de Saint-Siméon avec le développement du hameau de Port-au-Persil. Qu'on le veuille ou non, presque tous les villages de Charlevoix stagnent au niveau de la population et ce malgré les nombreux retraités qui viennent s'installer chez nous. Bien qu'ils dépensent dans les commerces de base, ils créent peu d'activités économiques, à quelques exceptions près. Mais cette manne blanche est inégalement répartie, certains villages n'en profitent pas beaucoup. Il y a lieu d'avoir des inquiétudes pour l'avenir, même si le cégep peut retarder quelque peu l'échéance, nos jeunes quittent en masse la région pour les villes et ce pour différentes raisons. Pourtant nous sommes si bien chez nous, peu de trafic (sauf la rue de la lumière à Baie-Saint-Paul), taux de crime quasi à zéro, nature extraordinaire. Pourquoi les urbains ne viennent-ils pas plus nombreux? Parce qu'ils ont des emplois rémunérés intéressants et qu’ils peuvent venir pour quelques jours quand bon leur semble. Il n'y a pas cinquante solutions pour stopper notre déclin. Une économie plus forte créatrice d'emploi rémunérateur et un environnement de grande qualité avec beaucoup d'activités pour les familles . Ça c’est pour les Québécois. Mais ça ne suffira pas. La deuxième source de peuplement à long terme est l'immigration, mais sommes-nous suffisamment accueillants ? Que fera-t-on si dans 10 ans, une mosquée se bâtit à Baie-Saint-Paul ou La Malbaie ? Si je me fis à plusieurs commentaires sur les réseaux sociaux, ça risque de shaker notre charlevoisien profond. Pour les Français, pas de problème on en accueille depuis 50 ans. Pareil pour les Belges ou les Suisses, mais qu'en est-il des Africains ? Pour maintenir nos villages, ça va prendre de la couleur. Ça va surtout prendre une stratégie pour équilibrer les lieux d'implantation et prioriser le type de recrutement si on veut aller vers l'immigration. Pour faire mentir l'expert Bernier, sommes -nous prêt à agir? Des choses se font  déjà par exemple sous la houlette de mon ami Patrick Reduron lui-même immigrant français. Arrêtons de regarder passer le bateau et mobilisons-nous les deux MRC ensemble pour sauver nos villages, investissons dans l'avenir, laissons tomber nos œillères pour créer l'avenir.

Charlevoix est à un tournant de son avenir, des états généraux non morcelés par MRC s’imposent, mais mon pessimisme sur un Charlevoix uni m’empêche d'y croire. On va attendre en 2025 pour voir ce qui sera arrivé et moi je commencerai à toucher ma pension de vieillesse.

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