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Mon ami Denis, journaliste et mentor

La Malbaie

Mar. 2 juin 2020 5 minutes

Mon ami Denis, journaliste et mentor
Mon ami Denis, journaliste et mentor
Denis Gauthier fut une figure dominante du journalisme charlevoisien. Pour nous, jeunes journalistes régionaux du début des années 80, il fut un grand mentor. D'abord au Plein Jour, à la revue Charlevoix, au Journal de Charlevoix et à Le Soleil, il a couvert l'actualité charlevoisienne avec grande compétence pendant de nombreuses années. Malheureusement décédé à la mi-quarantaine, alors qu'il réalisait un rêve horticole encore vivant, il est parti beaucoup trop tôt.

Une nouvelle consternante

Je me souviens de ce matin de mai ou mon autre ami Dave Kidd m'appelle dans tous ses états pour m'annoncer le décès de Denis pendant la nuit, dans son lit auprès de sa conjointe Claudine. J'en fus littéralement assommé et profondément triste. Je perdais une personne avec qui j'avais cheminé dans la vie personnelle et professionnelle. Mais commençons par le commencement.

Un journaliste excellent et compétent

Denis est né sur la Côte Nord fort probablement à Forestville, ou du moins, il y a vécu et travaillé avant d'arriver dans Charlevoix pour être journaliste au Journal Plein Jour sur Charlevoix. Ses compagnons de travail étaient Charles Warren et Pierre Rochette. Le premier comme éditeur et le second comme photographe et journaliste sportif. A partir de 1982, le monde du journalisme charlevoisien se développe fortement TVC-VM se lance en information régionale, le journal fonctionne à fond de train, TV-CO fait aussi de la nouvelle sous la direction de Gérald Gauthier et d'un certain Dave Kidd comme journaliste. CIHO sera bientôt de la partie. Denis Gauthier est aussi correspondant du Soleil dans Charlevoix. À cette époque, toute conférence de presse qui se respecte ou autre événement de presse proposent un lunch et surtout de l'alcool. Comme journalistes, nous ne voulions pas décevoir les organisateurs et les conférences s'étirent très longtemps. Le bar le 2ieme, voisin du Journal Plein Jour, est un peu le repère de Denis et ses amis. La plupart des journalistes de l'époque sont pas mal sur le party. Je me souviens particulièrement d'un voyage aux Expos à Montréal avec 9 caisses de 24 sous les sièges du panel O'Keefe. Même si un policier était au volant, ça ressemblait à une succursale de la SQDC avant le temps. Impossible de se souvenir du résultat du match ou même s'il y a eu un match. Denis était l'exemple du journaliste professionnel, il connaissait profondément son métier et il était très généreux avec nous qui étions un peu plus jeune que lui. Couvrir le conflit du Manoir Richelieu et d'autres gros événements à ses côtés a fait de nous de meilleurs journalistes. Il travaillait toujours pour ses lecteurs et il écrivait des textes efficaces et d'une grande clarté.

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Il maîtrisait la langue française avec brio. Lorsque le Plein Jour n'eut plus besoin de ses services dans une de ses restructurations, il fondit le magazine en papier glacé Charlevoix qui hissa le journalisme régional à un nouveau niveau d'excellence. L'aventure prit fin et il fondit avec Gervais Desbiens et Étienne Bouchard, le Journal de Charlevoix. Malheureusement, depuis de nombreuses années, il y avait trop de médias qui vivaient de revenus publicitaires pour la population et le Journal de Charlevoix cessa ses parutions. Sans en être tout à fait sûr, je crois qu'il s'est joint au nouveau journal fondé par son vieux complice (pour ne pas dire partner in crime) Charles Warren.

L'alcoolisme et la rédemption

C'était un secret de polichinelle surtout dans les années 90 que Denis était porté sur la bouteille. Il perd une première fois son permis de conduire, ce qui n'est pas très pratique pour un journaliste. Malgré cela, il continue de consommer et il descend toujours un peu plus bas. Pour ma part, je suis déjà abstinent depuis quelques années et il le sait. Un soir je reçois un appel de sa part, il est sur la Côte Nord, il a eu un accident en état d'ébriété et a passé l'ivressomètre. Mais ce qui constitue son réveil face à la condition d'alcoolique est qu'il aurait pu tuer les deux personnes dans l'autre véhicule, il ne pouvait pas vivre avec ça. Quelque temps plus tard, il entre en thérapie à Ivry sur le lac dans les Laurentides, centre de traitement fondé par Pierre Péladeau père. Il ne consommera plus jamais. Je lui fait connaître les Alcooliques Anonymes qu'il fréquente pendant quelques années. Il revit littéralement. Il est tellement heureux et reconnaissant et il déborde d'énergie. Il a un ou deux romans sur la planche à dessin dont un raconte l'histoire d'un gardien de phare dans une énorme tempête sur le haut fond Prince à Baie-Sainte-Catherine. Il s'inspire d'un excellent texte qu'il avait écrit sur un monsieur Carré de Saint-Siméon qui était gardien de phare. Avant mes humbles personnalités du jour, Denis Gauthier avait fait des portraits magnifiques de grands Charlevoisiens dans son magazine Charlevoix.

Le Jardin des Lilas

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Sa dernière fut le Jardin des Lilas de Cap-a-l'Aigle. En compagnie de Bruno Simard et de bien d'autres personnes, il a déployé énormément d'efforts pour rendre ce rêve possible. Au risque de me tromper, son nom est honoré quelque part dans ce merveilleux parc municipal trop peu connu. Tous les jeunes journalistes que Denis a guidés étaient présents à ses funérailles à l'église de Cap-à-l'Aigle et nous pleurions tous. Personnellement, je pleure encore. Ce fut une très grande perte, car il a été un grand mentor pour moi. S'il faut se rappeler des grands personnages de l'histoire de Charlevoix, j'espère que Denis Gauthier y figurera comme le pionnier du journalisme professionnel dans la région et aussi une personne qui se sera sortie des affres de l'alcoolisme pendant les huit dernieres années de sa vie qu'il a vécu heureux avec Claudine dans son cher Cap-à-l'Aigle,

N.B. Malgré des heures de recherche sur internet, je n'ai trouvé aucune photo, aucun texte pouvant rappeler la mémoire de Denis Gauthier. Malgré son immense carrière de journaliste, rien de subsiste ou si peu dans la bibliothèque mondiale, je trouve cela triste. Google ne veut pas se souvenir de Denis. Heureusement, ce texte sera indexé et laissera une trace à la mémoire de mon ami Denis.

 

 

 

 

 

 

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