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OÙ va la CAQ en immigration ?

Jeu. 7 novembre 2019 4 minutes

OÙ va la CAQ en immigration ?
OÙ va la CAQ en immigration ?
De vieux souvenirs remontent

J'ai été soufflé, renversé, choqué, scandalisé par l'annonce faite par le ministre Jolin Barette de modifier le programme Expérience Québec pour les étudiants internationaux et les travailleurs temporaires. J'ai été encore plus estomaqué (le mot est trop faible) quand j'ai entendu le premier ministre Legault dire qu'il fallait arrêter de remplir les cégeps avec des étudiants internationaux. Derrière cette phrase se cache peut-être une idéologie très inquiétante face à l'immigration. Je crois revoir François Legault alors qu'il était ministre de l'éducation péquiste. Il venait livrer des messages condescendants aux directeurs de cégeps en disant à peu près que nous étions des bons à rien. Il nous imposait des méthodes comptables, des cibles à atteindre qui était très difficile à gérer avec des êtres humains. Ce fut une période difficile pour le réseau des Cégeps, car nous ne pensions pas mériter ces reproches.

Les Cégeps régionaux, pionniers en recrutement international

Depuis le début des années 2000, les cégeps de régions dont plusieurs programmes d'étude étaient menacés en raison de la démographie on commencé à faire du recrutement à l'international. De très dérisoire, la présence des étudiants internationaux a commencé à augmenter et des programmes en péril sont redevenus viables. Ces programmes d'études dans une immense majorité donnait accès à un marché du travail ouvert et à des emplois intéressants. Dès 2004, une initiative innovatrice entre le Québec et le territoire outre-mer français de l'Ile de la Réunion, était mise en place. L'Ile de la Réunion a 72 kilomètres de longueur par 48 de largeur. Près d'un million de personnes y vivent dont 50% ont moins de 24 ans (2005). Ces jeunes sont très éduqués et ont un mode de vie semblable au nôtre, cependant il y a très peu d'emplois sur l'île et le marché français n'est pas excellent avec 250 000 Réunionnais déjà installés en France. Chaque année de 100 à 200 jeunes entrent dans les Cégeps  du Bas-Saint-Laurent Gaspésie, du Saguenay Lac Saint-Jean, de la Côte Nord et de l'Abitibi et quelques-uns du centre du Québec. En tout dix-sept cégeps se partagent ces étudiants selon leur choix. Dès le départ, les programmes de formation ont été choisis en fonction du marché du travail à partir des prévisions d'Emploi-Québec. La Région Réunion souhaite que ces jeunes restent au Québec pour y vivre et y travailler et c'est ce qui arrive dans la plupart des cas. De plus les Cégeps recrutent massivement en France en vertu d'une entente réciproque de gratuité scolaire pour les étudiants Français. Il y a aussi des jeunes du Maroc, de la Tunisie, de l'Afrique francophone. Une entente existe aussi avec quelques cégeps pour la Nouvelle-Calédonie dans le domaine minier.

Des Cégeps en péril

Sans cet apport de l'immigration, le Cégep de Matane serait probablement fermé puisque ses étudiants sont à 50% en provenance de l'international. Presque la même chose pour Saint-Félicien.  Le cégep de La Pocatière que je dirigeais compte une centaine d'internationaux et c'est la même chose pour une quinzaine d'autres cégeps qui ont été littéralement sauvés par le recrutement international qui leur permet de garder leurs programmes et les emplois qui y sont liés. Tous les pays du monde souhaitent recruter des étudiants à l'étranger, l'Australie investit des sommes faramineuses pour attirer des jeunes au pays des kangourous. Campus France est présent partout pour promouvoir les universités françaises. Les Britanniques, les Américains et même la Russie se côtoient dans les expositions avec des offres généreuses pour les intéressés.

Où va la CAQ ? Quelle est la liste de programmes qui va donner accès à la résidence permanente? A la dernière minute, devant l'immense tollé et les pleurs des concernés, ils ont créé une clause grand-père. Mais c'est trop peut trop tard. Tout ce qui a été construit depuis quinze ans dans le réseau des cégeps est en péril. En plus, dans Charlevoix, le CECC n'a pas profité de ces opportunités probablement en raison du désintérêt du cégep de Jonquière pour nous associer au recrutement international et peut-être un peu à cause de la frilosité de certains membres du corps professoral de voir débarquer cette clientèle.

Le gouvernement Legault fait fausse route, il devrait mettre des efforts sur le recrutement international francophone comme tous les autres pays. Ce qu'on a  vu surgir dans les propos récents du premier ministre est très inquiétant. On y décèle une incompréhension de Jolin Barette au sujet des initiatives des cégeps de régions. Comme le disaient mes amis de Pink Floyd ''Another brick in the wall''. Dans les dossiers de la laïcité et de l'immigration, personnellement je suis en désaccord avec notre gouvernement, mais je suis conscient que certains d'entre vous peuvent trouver ça bien correct.

Je ne revendique pas la vérité, mais j'ai quand même travaillé 17 ans dans le domaine des collèges dont deux à l'échelle canadienne, je souhaite de tout coeur que nos cégeps régionaux ne souffrent pas trop de ces changements irréfléchis.

 

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