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Jacques Dufour : homme de radio de Baie-Saint-Paul aux sommets du judo

Baie-Saint-Paul

Lun. 31 janvier 2022 7 minutes

Jacques Dufour : homme de radio de Baie-Saint-Paul aux sommets du judo
Jacques Dufour : homme de radio de Baie-Saint-Paul aux sommets du judo

Baie-Saint-Paul des années 60, ce n’était pas encore l’époque des IGS, des Super C et des Maxi. Il y avait plusieurs petites épiceries réparties dans la ville. Il y en avait une sur la rue Sainte-Anne que vous avons évoqué avec Jacques Saint-Gelais Tremblay et une autre sur le boulevard Fafard face l’actuel Hôtel Germain qui était opéré par la famille Dufour. Autrefois institutrice, Anastasie Gaudreault se consacre à sa famille dont un de ses fils se nomme Jacques. Jeune sportif il rêve de devenir professeur d’éducation physique. À la veille des tests d’entrée à l’Université de Montréal, il se coupe le doigt et on lui installe une grosse ‘’catin’’. Les candidats sont si nombreux qu’on l’oblige à faire les épreuves avec son dérangeant pansement. Imaginez le lancer du javelot ou le cheval d’arçon avec un doigt bandé, cela fait qu’il n’est pas admis. Mais il avait une autre passion, la communication et il revient dans la ville de Québec pour étudier dans une école de médias à une époque où la radio AM, la télé non câblée et les journaux sont rois.


De retour à Baie-Saint-Paul au début des années 70, le même Jacques Saint-Gelais Tremblay l’embauche à la bibliothèque municipale pour commencer et surtout comme responsable des communications du Festival Folklorique pour les éditions 6,7 et 8, la 9e ayant été la dernière. Il est si innovateur qu’il convainc la Laiterie Laval de mettre l’affiche du festival sur les pintes de lait ce qui ne se voyait pas à l’époque. Il était maître de cérémonie dans les événements publics. Hormis quelque différent avec le curé de l’époque qui voyait toute une faune un peu hippie envahir le parvis de l’église, pour Jacques Dufour tout comme pour Jacques Saint-Gelais Tremblay, le festival a été l’événement fondateur du tourisme et du caractère culturel baie-saint-paulois.


En radio, CHGB La Pocatière octroie une grande émission de 15 minutes à un petit studio de Baie-Saint-Paul avec l’équivalent à La Malbaie. Jacques devient l’animateur de ce segment où on trouvait même le moyen de mettre de la musique. Par ailleurs il avait les possibilités de faire les soirs et les nuits de fin de semaine ce qui l’a fait pour qu’on le remarque suffisamment sur la rive sud. En 1973, il traverse définitivement le fleuve comme animateur à la mythique station CHGB 1310 La Pocatière à l’époque de Maurice Lévesque dont beaucoup de gens se souviennent de sa voix caverneuse. Il s’établit à La Pocatière tout comme Gaston Simard, aussi de Baie-Saint-Paul et il y a vécu 41 ans d’actualités des régions de Kamouraska et L’Islet. Il commence comme animateur et au départ d’un des deux journalistes de la station pour CHRC, il devient journaliste. Au début il fait la radio et la télé, mais le groupe Simard se scinde en deux et il reste du côté de la radio. Il est impossible de relater tous les événements marquants qu’il a couverts. Certains comme les grèves de Bombardier, l’assassinat de Nancy Michaud ou le décès de Claude Béchard pour ne nommer que ceux-là. Il se souvient très bien de 1989 où les locaux de la station sont détruits par le feu en plein cœur de l’artère principale de La Pocatière, la 4e avenue, Painchaud. Elle se relocalise près de l’hôtel de ville et la vie continue. À l’époque, il explique que la population et les politicien-nes étaient méfiants à l’égard des médias et qu’il n’était pas facile d’aller chercher l’information. Et puis sont arrivées les conférences de presse où nourriture et alcool coulaient à flots, Jacques Dufour n’y a jamais participé, car il devait rentrer en vitesse à la station pour enregistrer ses reportages. En 1992, un souvenir marquant est le passage de CHGB au FM et à CHOX FM. Tous les matins à 6h pendant la majorité de ses 40 ans de carrière, il est à la station pour l’actualité dans l’émission du matin. En 2014 il accroche son calepin et son micro. Il ne restera pas à rien faire, car il y a très longtemps qu’il y a d’autres domaines où il excelle autant que dans les médias.



A la sortie de l’adolescence, il avait commencé à pratiquer un sport qui l’amènera a ce qui peut être considérée une deuxième carrière comme éducateur physique de haut niveau sans avoir à passer par l««’université qui l’avait recalé à cause de sa ‘’catin’’. Jacques Dufour est aujourd’hui ceinture noire 5e dan en judo et un joueur important de cette discipline au Québec. Lorsqu’il arrive à La Pocatière, on n’y pratique pas le judo. Il réussit à suivre quelques cours à Saint-Pascal avec un étudiant du Cégep de Rivière-du-Loup qui lui passe le flambeau. En 1975, il démarre le judo à La Pocatière avec de vieux tapis de paille du cégep et c’est l’institut de technologie agricole (ITA) qui accueille les judokas dans un ancien caveau à légumes. Heureusement au fil du temps, le local s’est amélioré et a pu servir Jacques est passionné de son sport et tout en faisant son travail de journaliste, il fonde un programme de judo-études avec une exceptionnelle collaboration de Claude Langlais, DG de la Commission scolaire qui modifie les trajets d’autobus pour favoriser laux cours de l’ITA. a pratique du judo. C’est le début d’une grande aventure qui se poursuit encore aujourd’hui. De grands et grandes judokas bénéficieront de l’enseignement de Jacques Dufour qui est un ami de deux judokas 9e dan qui ont immigré à Montréal. Il siège au CA de Judo Québec.



Parmi les athlètes qu’il a formés, mentionnons Marie-Lise Lévesque qui a participé aux Olympiques en 2008, étant au top de sa catégorie au Canada. Il a formé plusieurs champion-nes canadiens-nes et plus de 20 ceintures noires telles que Alex Renaud-Roy et Eve Renaud-Roy, André Gourde et Jasmin Bélanger et Andrée Dupont, championne canadienne. Il est certes, encore aujourd’hui à plus de 70 ans un des meilleurs entraîneurs de judo au Canada, pays qu’il a parcouru pour assister aux championnats canadiens. Le Québec est La Mecque du judo au pays, mais Jacques voit actuellement une belle amélioration dans les autres provinces. S’il avait voulu, il aurait pu être arbitre international, mais il a préféré rester avec ses groupes de jeunes qui ont varié entre 80 à 150 judokas selon les années. Ce qui le rend fier c’est d’avoir formé de grands athlètes et d’avoir fait les deux carrières dont il rêvait. Il demeure toujours un judoka difficile à mettre par terre. Il a parfois rencontré des adversaires imposantes comme Andrée Dupont mentionnée plus haut qui ‘’swinguait’’ ses adversaires avec une force surprenante.


Et ce n’est pas fini. Au début des années 80, il visite les symposiums de peinture et les galeries d’art à Baie-Saint-Paul et connaissant son talent pictural créatif, il dit toujours à son épouse qu’il va se mettre à la peinture. En 1987, pour son anniversaire elle lui offre le kit complet du parfait peintre et il se met à l’ouvrage et le résultat est assez spectaculaire. Jacques fait plusieurs fois le symposium de peinture de Kamouraska, mais il n’en fais pas un commerce important, considérant plutôt la peinture comme un passe-temps.



Finalement, son autre passion est sa famille : sa femme Andrée Patoine, avec qui il est marié depuis 1978, et ses deux enfants Olivier et Marie-Laurence et leurs enfants respectifs. Jacques Dufour est un pionnier parmi les journalistes et animateur-rices charlevoisiens qui se sont exilés pour pratiquer leur métier et sont devenus des figures importantes de leur nouveau patelin. Le déracinement peut être dur, mais dans le cas de Jacques il n’a qu’à se rendre au bord du fleuve pour se souvenir d’où il vient

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