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Jacques Saint-Gelais Tremblay et les multiples facettes de Baie-Saint-Paul

Baie-Saint-Paul

Jeu. 13 janvier 2022 5 minutes

Jacques Saint-Gelais Tremblay et les multiples facettes de Baie-Saint-Paul
Jacques Saint-Gelais Tremblay et les multiples facettes de Baie-Saint-Paul

Au tournant des années 60, une maman monoparentale élevait ses 9 enfants tout en tenant une épicerie due la rue Sainte-Anne à Baie-Saint-Paul. Elle s’appelait madame J.A. Tremblay et sa vie a fait l’objet d’un roman écrit par son cadet, Jacques Saint-Gelais Tremblay. Il se souvient d’avoir grandi sur un comptoir d’épicerie tout en étant très proche de la famille maternelle, les Saint-Gelais du rang Saint-Ours. Dès son plus jeune âge il s’initie au contact avec le public et y développe une passion qui l’habite encore aujourd’hui. L’un de ses frères est Gualbert Tremblay, bien connu dans la région de La Malbaie.



Ses études au cours classique l’amènent de Baie-Saint-Paul à Québec jusqu’à Montréal. Mais sous l’impulsion de Cyril Simard, il revient dans son patelin convainc le maire de l’époque Edmour Simard de démarrer une boîte à chansons, à la mode de l’époque, au centre culturel. Ce sera un peu l’ancêtre du festival folklorique et même d’une certaine façon du Festif. En 1967 dans la salle de 100 places se succèdent Les Cyniques, Jean-Guy Moreau, Stéphane Venne, Louise Forestier et autres gros noms de l’époque. Mais son plus grand projet dans les années 70 fut le festival folklorique de Baie-Saint-Paul dont tous les gens de notre âge se souviennent. Il a été un des principaux organisateurs de cet événement pendant 7 ans. Son but était de bâtir une personnalité touristique à la ville de Baie-Saint-Paul. Un aubergiste de La Malbaie lui avait dit que la ville touristique était dans l’est et que Baie-Saint-Paul avait son hôpital. Cela a éveillé sa fierté et la volonté de montrer de quel bois les gens de la Baie se chauffent. De 1968 à 1974, c’est l’âge du festival avec 52 exposants artisans, des foules de visiteurs et des artistes comme Pauline Julien ou Édith Butler. C’est une période identitaire très forte au Québec et aucun artiste anglophone n’a droit de citer. Au plan touristique, Baie-Saint-Paul était lancé, la rue Saint-Jean-Baptiste commence à s’animer et la notoriété de la Ville se bâtit.


Jacques Saint-Gelais Tremblay a fait le tour du jardin et a le goût d’aller vivre d’autres expériences et il quitte pour Montréal. Le festival lui survivra pendant 2 ans, mais sera détruit par les motards qui prennent pratiquement le contrôle de la ville dans les deux dernières éditions. À la fin du festival, Baie-Saint-Paul se rendormira pour 4 ou 5 ans et beaucoup plus tard Jacques Saint-Gelais y reviendra dans un tout autre contexte.


En 1973, il fait un retour aux études et il change de domaine pour devenir travailleur social. Ce qui l’amène à travailler en prison où il initie des programmes de conseil en emploi pour les détenus des pénitenciers provinciaux pendant 4 ans. Il travaille aussi étroitement avec le premier ministre Robert Bourassa qui sera un de ses mentors puisqu’il avait la chance de côtoyer cet homme qui devient premier ministre à 36 ans. Son travail en prison lui donne accès à un poste à la commission des libérations conditionnelles qu’il occupera pendant 14 ans. Sa mère lui avait conseillé la souplesse et il a beaucoup développé et sa compassion dans ce travail.


Un grand saut quantique le propulse à Paris à la tête de l’Institut de conciergerie qui forme des travailleurs du tourisme au service à la clientèle. Les élèves vont travailler chez Euro Disney et dans les grands musées et salles de spectacle de Paris.


De retour au Québec, il prend une année sabbatique et c’est à ce moment que Jean-Louis Cimon, un autre mentor pour lui, le contacte après le décès de madame Françoise Labbé qui dirigeait le Centre national d’exposition. Il se propose pour prendre la relève de l’organisation qui vit une importance crise financière. Le symposium est toujours sous sa responsabilité et un événement signature de la ville. Jacques Saint-Gelais Tremblay veut que le centre (pas encore un musée) soit une institution culturelle indépendante. Des changements sont opérés dont la transformation en musée reconnu et l’accueil d’expositions des plus grands artistes picturaux ce qui augmente la notoriété de l’institution. Après des d’essais infructueux par madame Labbé, l’acquisition de l’école Thomas Tremblay est conclue et le symposium y est déménagé dans un contexte beaucoup plus propice au contact. Les 14 années où Jacques Saint-Gelais Tremblay a été à la direction du Centre d’exposition devenu Musée après une bataille de haute lutte avec le ministère de la Culture, de grandes expositions prestigieuses y ont été présentées qu’il suffise de penser à Borduas ou Riopelle. Le Symposium a fait sa niche auprès des amateurs d’art contemporain tout en restant ouvert au grand public. Le directeur du musée a toujours continué de descendre de son bureau pour aller jaser avec les visiteurs dans cette approche de service à la clientèle qui le nourrissait. D’ailleurs ce qui lui manque le plus à la retraite, c’est ce contact avec les gens. Le Musée a acquis pour plus de 2 millions de dollars d’œuvres chaque année pour monter sa collection d’art contemporain, la plupart des pièces provenant de dons de mécènes. Son impact fut tel que l’école Thomas Tremblay s’appelle maintenant le pavillon Jacques Saint-Gelais Tremblay. Le p’tit gars de l’épicerie de la rue Sainte-Anne a redonné son lustre à cette institution majeure de Baie-Saint-Paul née dans l’imagination d’une grande bâtisseuse, madame Françoise Labbé.



Avec l’âge, le stress devenait plus présent poussant à une réflexion et à une décision très difficile à prendre, celle de la retraite. En 2020, il fait le pas et passe le flambeau. Il demeure au cœur de la ville, proche des galeries d’art, et il se remet à l’écriture d’un deuxième ouvrage appelé L’Enfant. On y retrouve une vingtaine de récits qui nous font voir la société baie-saint-pauloise des années 60 par les yeux d’un enfant. Une quête identitaire qui comment la construction de la personnalité d’un enfant typiquement charlevoisien. L’ouvrage est en vente un peu partout dans toutes les bonnes librairies et déjà un autre récit est sur le feu pour le plus grand plaisir des lecteurs et lectrices.


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