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Karim Ikrimah veille sur le Manoir Richelieu

La Malbaie

Jeu. 9 juin 2022 5 minutes

Karim Ikrimah veille sur le Manoir Richelieu
Karim Ikrimah veille sur le Manoir Richelieu

À partir des années 90 avec l’arrivée de la chaîne Fairmont, nous avons vu arriver de grands professionnels de l’hôtellerie pour occuper le poste de direction générale. M. Alex Kaasatly fut le premier vers le milieu des années 90. Après son séjour ici, il est allé à un des hôtels les plus prestigieux du monde, l’hôtel Plaza de New York. Madame Louise Champagne fut la première femme aux commandes du prestigieux hôtels pour ensuite se diriger au Fairmont Tremblant. Le suivant nous arrivait du Pays basque en la personne de Jean-Jacques Etcheberrigaray. Ce dernier battra des records de longévité à la direction de l’hôtel. Très malheureusement, il a eu des ennuis de santé qui l’a obligé et qui l’obligent encore à prendre  soin de lui à plein temps. Heureusement la relève était en place et prête à tenir le fort en l’absence de Jean-Jacques. C’est de ce directeur par intérim, ayant lui aussi un parcours multinational, dont nous allons découvrir le parcours.


Karim Ikrimah a un père enseignant originaire de Rabat au Maroc et une mère française qui travaille dans les laboratoires pharmaceutiques dans la région de Lyon en France. Il a un frère nommé Mehdi. En fait, il a vu le jour à Bonneville en Haute-Savoie dans une région où la neige est bien présente, mais la famille se déplace sur Lyon alors qu’il est assez jeune. Son père étant citoyen du Royaume du Maroc, il doit faire son service civil dans son pays d'origine. À son retour en France, il poursuit sa carrière d’enseignant en physique et en maths. Comme les deux parents sont scientifiques, Karim et son frère suivent une filière sciences au lycée. Ils obtiennent donc un BAC S qui équivaut à un secondaire VI en sciences. Ils habitent dans le 8e arrondissement, un quartier ouvrier aujourd’hui connu comme un musée à ciel ouvert représentant l’histoire de Lyon par des fresques sur les bâtiments. Karim joue au soccer dans un club surtout connu pour ses exploits en rugby, il fait aussi du judo.


Tous les étés, pour les vacances, ils partent au Maroc en auto, un trajet de 2500 kilomètres plein d'aventures.  Il leur faut rejoindre les Pyrénées et traverser l’Espagne au complet pour prendre le traversier pour le Maroc vers la capitale, Rabat. Karim y passe ses plus beaux étés, sa grand-mère ayant une maison au bord de l’Atlantique. Il se fait de nombreux amis, dont certains qu’il a conservés jusqu’à aujourd’hui. C’est aussi l’occasion pour lui d’apprendre la langue de son père, l’arabe.

Rabat, Maroc

Son premier contact signifiant avec l’hôtellerie se passe en Espagne sur le trajet des vacances. Il côtoie un cadre de la chaîne Pierre et Vacances, très connue en France, et il se sent appelé par l’aspect du service à la clientèle. Offrir du bonheur aux gens est un des aspects les plus gratifiants de cette industrie qui est aussi dans l’ADN de notre région.


Il se dirige donc vers une formation en tourisme et loisirs pour travailler en agence pour vendre des voyages. Dès le stage, il s’aperçoit que ce n’est pas sa voie et qu’il lui manque quelque chose pour être satisfait de son métier. Il va donc à l’université de Perpignan en Catalogne française. Il suit un parcours qui l’amène à la maîtrise en économie et management. Il participe au programme ERASMUS pour terminer ses études universitaires en espagnol. Il maîtrise donc le français, l’arabe et l’espagnol. L’anglais arrivera bientôt.


À Paris, les emplois sont rares. Il fait plusieurs démarches sans résultat et c’est là que l’idée de venir au Québec se présente à son esprit. C’est par le biais d’un stage d’études qu’il se retrouve sur la rue Sherbrooke à Montréal au Sofitel, le seul hôtel de cette chaîne française au Canada. Il commence dans un des postes les plus exigeants de l’hôtellerie, celui d’auditeur de nuit. Il grimpe rapidement les échelons dans cet hôtel de 258 chambres doté de 6000 pieds carrés d’espace congrès. Celle qui est dorénavant son épouse travaille aussi dans l’hôtellerie ce qui leur permet de vivre les mêmes réalités professionnelles, car cette industrie est vraiment particulière. Les fins de semaine n’existent pas ou très peu, de même que le 9 à 5. Les gens de Charlevoix sont bien au courant de ça. Soir, nuit, chiffres coupés, horaires atypiques sont le quotidien des gens du tourisme et Karim n’en fait pas exception, encore aujourd’hui. Le dernier emploi de Karim au Sofitel comme directeur des ventes et du marketing le fait voyager partout en Amérique du Nord pour proposer Montréal et son hôtel aux Américains.


Sofitel Montréal



 En 2016, les proprios de Sofitel, le groupe ACCOR achètent Fairmont dont fait partie le Manoir Richelieu. Karim devient directeur des opérations de l’hôtel de La Malbaie. En fait, il a la responsabilité de la presque totalité des départements sur le plan opérationnel partant du golf aux salles à manger en passant par l’entretien. Il n’y a que les Talents et culture et les finances qu’il ne supervise pas. Il refuse de prendre tout le mérite de la réussite du Manoir, il préfère rendre la pareille à ses équipes, les employés du Manoir. Ils sont dévoués et fiers et cela se constate tous les jours. Sa tâche en est ainsi un peu amenuisée. Lorsque je souligne l’importance du Manoir pour Charlevoix, il m’amène à un autre niveau en plaçant l’hôtel comme un des bâtiments historiques majeurs du Québec et connaissant l’histoire de la ville, il a très certainement raison. Comme nous avons toujours vécu à côté et qu’il nous est accessible depuis les années 70, nous l’avons un peu tenu pour acquis. Les touristes nous démontrent l’importance du complexe manoir-casino. D’ailleurs les 2 institutions travaillent de plus en plus main dans la main. Karim dénombre 350 employés au Manoir, mais sans la pénurie il pourrait y en avoir 500. Un investissement de 25 millions sur le béton extérieur et les fenêtres vient de se terminer et le Manoir se prépare à revivre un bon été à l’instar de l’an dernier. Pour le moment, on compte sur Karim pour mener le bateau à bon port. L’habitant de la Côte Bellevue s’épanouit dans l’industrie de l’hospitalité là où s’activent des centaines de marchands de bonheur.



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