Martin Bouchard chemine vers une vie équilibrée
Lun. 2 août 2021 5 minutes
Les parents de Martin sont originaires de Port-au-Persil et Saint-Fidèle. Son père Gilbert était très connu comme professeur, chef de chorale et commandant du corps de cadet, entre autres. Sa mère, Huguette Savard est toujours de ce monde. Très jeune, Martin vit une très grande épreuve. Son frère, âgé de 8 ans et demi est frappé par une automobile et tué sous les yeux de Martin qui a alors 7 ans. Ce drame l’a marqué une grande partie de sa vie à une époque où on ne parlait pas de choc post-traumatique. Il traverse les années suivantes dans une sorte de brouillard. En secondaire 2, il débute une activité qui l’a suivi toute sa vie puisqu’il s’est mis à l’entraînement physique. Dans un petit local de la Polyvalente du Plateau il fait de la corde à danser et de la musculation de façon très intensive. Pour faire ses programmes d’entraînement, il avait acheté un livre ‘’En mouvement avec Radio-Canada’’ Il faut dire que depuis l’âge de 10 ans, un malaise l’habite en permanence sauf lorsqu’il faisait du sport.
Avec les cadets de l’armée, il a eu la chance de faire 3 camps d’été, une fois au Yukon et les deux autres à Banff en Alberta où il a pu apprendre l’anglais. En secondaire 5, il était moniteur d’éducation physique dans cette localité des rocheuses Canadiennes. À cet endroit, sans entraînement spécifique, il a couru le mille en 4:06 ce qui est un exploit plus que remarquable.
Il s’est ensuite dirigé au Cégep de Jonquière en techniques d’aménagement du territoire, domaine dans lequel il n’a pas travaillé une seule journée, car il était déjà très orienté sport de haute intensité qui lui permettait d’atténuer son mal être. À la fin du cégep, il a fait des remplacements en éducation physique à la polyvalente du plateau. À 22 ans, il a rencontré Hélène sa première amoureuse et il s’est marié à 24 ans. Ensemble ils ont eu 2 filles, Roxanne et Zoé. Cette dernière vit actuellement au Japon.
De retour en Charlevoix, il a suivi un cours en restauration et a travaillé dans ce domaine pendant plus de 20 ans à l’Auberge des Falaises. Il a aussi démarré La Clinique du vélo à La Malbaie. Il cumulait les deux emplois et travaillait 70 heures par semaine et le dimanche, il s tapait 250 kilomètres en vélo sur la 138. Il ne sentait pas la fatigue, il y avait pourtant là les lumières rouges de la maladie bipolaire, mais il ne voyait pas à cette époque. Le commerce s’est développé et doit s’agrandir et recruter 5 employés. Il travaillait même la nuit pour faire les réparations. Il a tenu ce rythme pendant plus de 15 ans avec des hauts et des bas et c’est finalement sur un lit d’hôpital qu’il a vendu son commerce en 2004.
Il était alors en phase dépressive, l’autre volet de la maladie bipolaire. Il a également vécu une séparation de sa première conjointe et comme il était incapable de rester seul, il s’est remis en couple peu de temps après. Ses conjointes sont protectrices à son égard et tentent du mieux qu’elles peuvent de le supporter dans ses montagnes russes. D’ailleurs il avait eu la sagesse d’aller chercher de l’aide dès l’âge de 22 ans ce qui lui a permis de travailler sur lui et ses fantômes. En 2004, il a débuté une médication pour la maladie bipolaire qui l’aide à ne pas repartir dans les excès. Si certains se soignent avec l’alcool ou la drogue, le sport intensif était la drogue de Martin comme il a beaucoup de détermination, il a réussi quand même à avancer jusqu’à être maître d’hôtel à la Pinsonnière pendant un an avec la mission d’humaniser le climat de travail, car on lui reconnaissait une bonne approche avec les gens.
Finalement à sa sortie de l’hôpital en 2008, il est embauché au gym de Clermont où il travaille toujours. Il gère le gym, donne des cours et est entraîneur privé. Il applique l’approche humaine avec ses clients, il doit parfois leur dire qu’ils ont plus besoin d’aide psychologique que d’entraînement physique à partir de sa propre expérience. Si certains se soignent avec l’alcool ou la drogue, le sport intensif était la drogue de Martin. Il s’est distingué dans de nombreuses disciplines sportives, mais il ne veut pas beaucoup en parler. Sa victoire à la course Terry Fox en poussant une poussette semble la plus importante pour lui.
Il est aussi fier de ses 7 ans de canot à glace, car pour lui il s’agit du sport par excellence : dangereux, en milieu hostile, très physique et surtout demande un travail d’équipe à toute épreuve chacun ayant un impact sur la vie des autres. En 2019 en reconnaissance de ses réalisations sur le plan sportif, on lui confie la présidence d'honneur du triathlon de Charlevoix.
Aujourd’hui, Martin a changé ses priorités, il a eu 2 autres enfants qui ont 10 ans et 8 ans. L’un des deux demande beaucoup d’attention alors que Martin vient tout juste d’avoir 60 ans.
Sa famille est très importante, il parle à cœur ouvert avec ses filles, même celle qui est au Japon. Il fait des recherches sur le plan spirituel. Il fréquente une église évangélique présente dans Charlevoix depuis 3 ans. La prière lui ayant procuré une guérison spectaculaire de ses reins qui avait été abîmée par le lithium. Il m’a raconté une expérience d’éveil spirituel vécu dans un contexte religieux. Il trouve ce qu’il a besoin sans s’enflammer ou tenter de convertir, son approche est très personnelle. La vie lui réserve encore des défis et peut-être d’autres hauts et des bas, mais il se connaît beaucoup mieux et peut mieux gérer sa maladie bipolaire avec l’aide d’un excellent psychiatre que nous sommes chanceux d’avoir Charlevoix et qui se nomme docteur Yannick Camirand. J’ai rencontré un Martin Bouchard sur la route de la sagesse, mais surtout de l’acception, de la sincérité et du non-jugement.
Ça m’a fait du bien, car je souffre de la même maladie que lui.