Rester francophone à Toronto, la victoire d'Hélène Tremblay de Pointe-au-Pic
Jeu. 12 août 2021 3 minutes
Hélène Tremblay Iafrate a vu le jour dans le petit quartier de l'île aux Corneilles à Pointe-au-Pic, fille d'André Tremblay et Jacqueline Auchu de La Baie. Ils étaient 4 enfants dont l'aînée Danièle a quitté assez jeune pour travailler à Toronto. Sa soeur Claude est décédée subitement il y a exactement un an, le 12 août 2020 et finalement son frère Michel est médecin sur la rive sud de Québec.
Étant jeune, elle avait un problème aux hanches et elle a dû subir une opération qui l'a gardée hors de l'école pendant deux deux ans où elle a eu une enseignante à la maison, en l'occurrence ma tante Madeleine Harvey. Comme beaucoup d'autres, elle a fait partie de la chorale de Soeur Carmen Gravel de qui elle garde un excellent souvenir. Le premier contact d'Hélène avec la plus grande ville du Canada a eu lieu lorsqu'elle est allée y chercher de l'emploi avec deux copines de Pointe-au-Pic pour faire du gardiennage d'enfants. Sa condition médicale l'a tenue éloignée de la pratique des sports même si elle avait beaucoup souhaité pouvoir en faire.
Elle a occupé quelques emplois dans Charlevoix comme à la Rose au bois ou à l'Auberge des sources, mais en 1984, elle a répondu à l'appel de sa soeur de Toronto pour aller y travailler. Elle ne parlait pas un seul mot d'anglais. Après 2 jours sur place, elle a obtenu un emploi dans un commerce de beignes et elle a dû se débrouiller pour comprendre et s'exprimer et elle est devenue la coqueluche à cause de sa bonne humeur et son dynamisme. Le commerce est situé dans le quartier grec de Toronto et Hélène a aussi appris des rudiments de grec. Elle s'est inscrite tout de même à des cours d'anglais au George Brown College, une institution de 30 000 étudiants au coeur du centre-ville de Toronto.
Malgré plus de 35 ans en Ontario, elle a conservé un accent charlevoisien qui est bien aimé par ses interlocuteurs à cause d'un certain exotisme. Comme elle parle français, elle a obtenu des emplois où le bilinguisme était un atout comme dans la compagnie d'assurance, Crown Life. Elle a rencontré un Italien qu'elle a épousé et ils ont eu 3 enfants. Pour Hélène, il était primordial que ses enfants parlent français, c'est pourquoi ils ont fréquenté des écoles françaises à Toronto. Aujourd'hui adultes, ils oeuvrent ou étudient dans le secteur de l'éducation et peuvent être considérés comme des franco-ontariens au coeur de la métropole du Canada.
Après un passage à la Banque de Montréal et des emplois de serveuses, Hélène est rentré au service d'un distributeur de produits de chasse et de pêche et elle y est depuis 30 ans. Parmi ses clients, il y a Pro Nature de Charlevoix. Le bilinguisme lui a ouvert des portes dans le monde de l'emploi ainsi qu'à ses enfants. Hélène se sent très bien accueillie en tant que québécois d'origine dans les milieux qu'elle fréquente. Comme de raison, après plus de 35 ans en Ontario, elle a aussi une appartenance canadienne.Son plaisir est de cuisiner des plats traditionnels québécois qu'elle partage sur Facebook à partir de sa résidence de Burlington en banlieue de Toronto. Ce qu'elle n'aime pas de cette ville, c'est le trafic automobile et l'autoroute payante, hors de prix. Elle garde ses racines à Pointe-au-Pic et hors COVID, elle vient chaque année revoir des membres de sa famille. Elle est grand-mère d'un petit garçon. Elle démontre qu'il est possible de conserver sa langue et son identité francophone même dans une grande ville.