Tchin tchin | Couvrez ce vin que je ne saurais boire
Jeu. 28 novembre 2024 4 minutes
Par Louis Brisson
Depuis déjà quelques années, on voit cette tendance qui se dessine à l’horizon. Les produits faibles en alcool gagnent en popularité dans différentes strates de la population. Avec de plus en plus d’études à l’appui, il est maintenant clair que l’alcool à un effet nocif sur la santé et qu’il n’y a pas de risque nul quant à sa consommation.
Pendant une certaine période, on parlait d’un nombre de consommations hebdomadaires X soi-disant sécuritaires en fonction de notre sexe. Les temps ont changé. Pour se consoler, disons qu’au moins dans ce domaine nous avons atteint la parité; maintenant, peu importe votre genre et le groupe à lequel vous vous identifiez, il n’y a pas de risque zéro.
Le vin en prend pour son rhume, surtout qu’une aura bénéfique entourait ce dernier. Avec le “French Paradox”, une étude aujourd’hui contestée, on croyait que les vertus antioxydantes du vin expliquaient en partie la bonne santé cardio-vasculaire des Français à l’époque. On pouvait se verser un petit verre de pinard et lancer avec candeur à ses convives “Santé!”.
Aujourd’hui, le discours des experts est tout autre. La population est vieillissante et les gens sont de mieux en mieux informés. Millésime me regarde perplexe quand je fais ce genre d’affirmation; il constate que je ne fais décidément pas parti du dernier groupe au regard des tonnes de conneries véhiculées de nos jours sur les médias sociaux. La Gen Z boit moins que la génération précédente et les Boomers doivent “slaquer” sur le gros gin s’ils veulent se donner la chance de faire encore quelques tours de roue. Bref, il reste les X et les Milléniaux pour tenir le fort, manière de parler bien sûr.
Ce qui nous ramène aux faibles en alcool: les soins palliatifs pour certains afin de faire une transition sereine vers un nouveau mode de vie. Difficile d’être contre la vertu, mais disons que je ne suis pas convaincu quand je regarde le niveau qualitatif de l’offre actuelle. Au mieux, les meilleurs vins faibles en alcool peuvent être qualifiés gentiment de correct. Lorsque que je déguste ces produits, je me demande où l’on est et qu’est-ce que l’on recherche dans ce substitut qui s’apparente parfois plus à un cocktail. Millésime me souligne d’ailleurs que l’univers du mocktail fait preuve de beaucoup plus de pertinence dans cette nouvelle mouvance.
Comprenez-moi bien, je ne veux pas être réfractaire à cette nouvelle tendance. Je suis même impatient de trouver enfin un vin sans alcool pour réaliser mon accord avec les petites saucisses de tofu enroulées dans le faux bacon. Cette industrie est en plein essor et pourrait peut-être nous fournir de belles surprises au cours des prochaines années. Restons patients.
En attendant, l’alcool est de plus en plus appelé au banc des accusés. Au même titre que la cigarette voilà quelques années. Je me demande quel regard nous lui porterons dans une ou deux générations? Ce qui me rappelle un slogan que certains arboraient fièrement durant mon adolescence: Punk is not dead!. Et bien, si le ci-nommé punk n’est pas encore mort aujourd’hui, il boit à coup sûr de la tisane et doit se coucher bien avant l’heure de Cendrillon.
Bonhomme Zero
Comme je ne suis pas à une contradiction près, ma première suggestion sera un vin de la famille des faibles en alcool. Nathalie Bonhomme nous a habitué à un niveau qualitatif relevé dans les différentes cuvées qu’elle nous propose au Québec. Lors de son dernier passage dans Charlevoix, elle démontrait beaucoup d’engouement pour le mouvement du faible en alcool et se disait excitée de participer à l’élaboration de cette nouvelle vague. Son Bonhomme Zero demeure pour moi le meilleur de sa catégorie en SAQ, mais souffre d’un approvisionnement inégal pour le moment. Code SAQ: 15296748. 13.95$
Astorre Noti Chianti Riserva
Les joies de la Toscane! Le sangiovese règne en roi et maitre sur son territoire. Ici composant 85% de la cuvée, il nous offre ses parfums caractéristiques de cerise, de tabac blond et un boisé finement intégré. La bouche est généreuse et l’acidité, parfois forte de ce cépage, est tout en équilibre sur cette cuvée. Voici le compagnon idéal pour les mijotés d’automne qui embaument actuellement les chaumières québécoises. Code SAQ: 13460655. 18.95$
Raventos i Blanc “Blanc de blancs”
J’ai décidément un faible pour les bulles du nord-ouest de l’Espagne. Le choix d’encépagement et les méthodes de production de ces vignerons font de leurs vins effervescents une référence mondiale à des prix ne souffrant aucune compétition. Plusieurs cuvées de Raventos i Blanc se retrouvent bon an mal an sur nos tablettes et cette dernière fait encore une fois honneur à la maison. Les notes habituelles de pain grillé se marie à la perfection avec celles d’amande et de fruits du verger, le tout soutenu par une acidité vibrante qui le rendent à mon sens très polyvalent à table. Plusieurs options s’offrent donc à nous pour réaliser de beaux accords, mais pourquoi pas un gravlax avec une émulsion citronnée à l’aneth? Code SAQ: 10297946. 27.55$