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Une photo une histoire | William H. Coverdale et les bateaux blancs

Charlevoix

Dim. 23 juin 2024 3 minutes

Par Christian Harvey

William H Coverdale coll SHC
William H Coverdale coll SHC

Derrière l’époque des bateaux blancs de la Canada Steamship Lines, il y a un homme qui en est devenu le président en 1922 : William H. Coverdale (1871-1949). Il opère une rénovation complète de la flotte de navires et replace la CSL sur le sentier de la rentabilité, ce qu’il fit efficacement.

Après des débuts prometteurs, les répercussions de la Crise économique de 1929 portent un dur coup aux finances de l’entreprise : « Lors de l’assemblée générale de 1932, Coverdale annonça que les revenus bruts avaient chuté de 46% (ou 8 millions de dollars) depuis les sommets atteints en 1928.» Coverdale aura toutefois eu le temps de construire une nouvelle flotte de bateaux de croisières.

Afin de relancer les activités de la CSL, Coverdale doit faire face à une situation complexe car « plusieurs de ses navires, provenant des entreprises fusionnées, étaient vieux et ne composaient pas une flotte très homogène. » Ce constat est bien réel dans le cas de la ligne du Saguenay. En 1922, la flotte de la CSL montre bien des faiblesses avec, les vieux rafiots mis au rancart, seulement trois bateaux: le Cape Diamond (construit en 1877) et les plus jeunes Cape Eternity (1910) et Saguenay (1911). Face aux besoins criants sur la ligne du Saguenay naquit la quatrième génération de navires qui furent connus sous le nom des «bateaux blancs ».

Construit en 1912 à Wilmington, au Delaware (États-Unis), le Narragansett devait à son origine desservir Long Island. Il servira notamment d’hôpital pendant la Première Guerre mondiale. Racheté par la CSL, le navire rebaptisé Richelieu est transformé en véritable bateau de croisière et mis en service sur la ligne du Saguenay en 1923. Ce premier bateau blanc vise une clientèle fortunée qui veut faire étalage de sa réussite; les photos de l’époque montrent d’ailleurs le faste de la décoration.

Suivront le St. Lawrence construit à la demande de la CSL à la Davie Shipbuilding and Repairing Co. de Lauzon (aujourd’hui Lévis) et officiellement lancé le 1er juin 1927. Et les deux bateaux jumeaux : le Tadoussac et le Québec, construits au même endroit, débutent leurs activités à la saison estivale 1928.

Cette époque peut être considérée à juste titre comme l’âge d’or des croisières sur la ligne du Saguenay. La clientèle des régions visitées n’est pas véritablement visée. On recherche plutôt la présence des riches voyageurs pour la plupart des Canadiens anglais et des Américains avec quelques Québécois francophones. Ce sont d’abord les villégiateurs, en début de saison, qui en partance de Montréal ou d’ailleurs désirent se rendre passer quelques mois d’été à Pointe-au-Pic. Les bateaux blancs sont mobilisés, à l’occasion de voyages spéciaux, afin de déplacer tout ce beau monde. Les brochures de l’époque indiquent les tarifs pour amener tout ce qui est nécessaire pendant cette longue période par exemple les automobiles. D’autres désirent se rendre simplement passer quelques jours au Manoir Richelieu. Dans les années 1930, la proportion des Américains au Manoir Richelieu est impressionnante; en 1936, ils représentent 76,5% de la clientèle dont 59% de New York et de la Nouvelle-Angleterre. Et puis, finalement, certains désirent simplement faire la Croisière du Saguenay ou Saguenay Trip dont on ne cesse à cette époque par diverses manières de magnifier la splendeur avec son arrêt obligé devant la statue de la Vierge Marie au Cap Éternité.

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