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Gens de Chez Nous

David contre Goliath: la saga se poursuit

La Malbaie

Mer. 5 mai 2021 6 minutes

David contre Goliath: la saga se poursuit
David contre Goliath: la saga se poursuit
Hiii! Que la vie est belle! 26 ans, recevoir les clefs de cet immeuble historique au cœur du centre-ville La Malbaie dans la magnifique région de Charlevoix. Quel sentiment de légèreté d'aboutir à un objectif après un travail acharné de longue haleine! Quelle frénésie de pouvoir commencer concrètement à développer tout ce qui bouillonne dans ma tête! De créer au lieu de m'obstiner. Je m'installe et déménage la journée même dans ma future auberge. Le soir, on fait la fête mon père, mes 2 partenaires de l'époque et moi. C'est toujours le moment le plus magique d'un entrepreneur, celui où l'on se permet de rêver grand, d'espérer tant. Ce mélange d'euphorie et d'excitation, wow, quelle jouissance!

Plate à dire mais un aussi beau moment ne peut qu'être éphémère. La dure réalité n'a pas perdu de temps à nous rattraper. Permis de rénovation, assurances, normes en bâtiment, normes incendies, normes en sécurité sur un chantier, soumissions des contracteurs, plan d'architecte, etc. Faut préciser ici qu'on se lançait dans des travaux majeurs. On a démolit 80% des murs sur 3 étages, refait au complet l'électricité et la plomberie, rajouté un système d'alarme incendie et un système de ventilation performant, refait 7 salles de bain, aménagé une buanderie au propane, instauré le bar et la réception de l'auberge, une chambre froide pour 14 lignes de futs, etc. En résumé, on a investi plus d'argent dans les travaux que l'achat de l'immeuble. On a acheté l'emplacement et la coquille, ses fondations solides.

Je ne m'éterniserai pas trop sur cette période car pas mal tout le monde qui rénove un immeuble commercial traverse cette période administrative souvent pénible. Je voulais juste vous dire que la CCQ m'interdisaient de passer le balai chez nous, il fallait j'engage quelqu'un a passé le balai dans ma chambre à 78$ de l'heure. Même si j'habitais l'auberge, eux, dans leur cahier, j'avais aucun droit légal d'être chez nous, c'était un chantier c'est tout. Fa que durant les 6 mois de gros chantier, je n'avais légalement pas de chez moi. Il fallait je me cache derrière les rideaux pour simplement vivre et faire un peu de ménage ou que je me promène avec des bottes de construction et un casque sur la tête en tout temps. Je vous jure, il avait même un moment donné un agent de la CCQ avec des jumelles au parc du quai pour me pogner en flagrant délit en train de peinturer. Je voulais juste peinturer ma chambre pis une salle de bain que j'utilisais dans mon quotidien. Tsé, question d'avoir un semblant de vie normal après 6 mois dans poussière de gypse. Ben, je n'ai pas droit à ça, ça m'a couté 1000$ d'amende plus les frais pour avoir peinturer ma chambre. Ça quasiment fini en court cette histoire-là. Sans être violent, disons je n'avais pas été doux avec le gars. J'ai appris par la suite que c'était une compagnie locale qui a fait une plainte pour avoir plus de job, celle à qui j'avais donné un contrat en plus.

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Pendant cette période interminable des travaux, on avançait la paperasse de soir. Dans mon plan d'affaire, il était prévu d'avoir une activité complémentaire à l'hébergement afin de se démarquer et diversifier nos revenus. Je pensais à une boutique de produits du terroir, un bar, une salle de jeu et activité mais jamais un restaurant. Détail important ici, toutes les auberges de jeunesse possèdent une cuisine commune, c'est un critère essentiel pour devenir une auberge de jeunesse. Généralement, les voyageurs en auberge de jeunesse se font à manger eux même sur place ou encourage les petits restos et cafés locaux. Notre décision s'arrête sur un Pub de bières de microbrasserie et sur une scène musicale et évènementielle. Je m'étais dit: le monde vont se faire à manger dans notre cuisine commune avec tous les magnifiques produits du terroir qu'on a la chance d'avoir dans Charlevoix. L'auberge, elle, va leur offrir des bonnes bières ou des bons cocktails dans une ambiance unique grâce à nos concerts et notre animation. Tout était parfait.

Donc, j'appelle la RACJ pour commencer à m'informer sur les permis d'alcool. On m'avait averti de m'y prendre d'avance, que c'était compliqué. Je savais que j'étais zoné restauration mais pas pour un bar, je savais que le client allait être obligé de consommer un repas ou être dans l'attente d'un repas pour pouvoir consommer une boisson alcoolisée. L'intervenante de la RACJ me demande dès le départ si j'ai les permis d'exploitation de la ville. ''Bah non, je m'informe justement''. On débutait les travaux, l'ouverture était prévue au mieux dans 8 mois. Je contacte donc la ville à nouveau pour mon permis d'alcool de restauration. La personne me demande si je vais ouvrir un restaurant. Je lui dis que non, que ce sera une cuisine commune, comme toutes les autres auberges de jeunesse. Elle me dit qu'elle ne peut pas me délivrer le permis si je n'ai pas officiellement un restaurant. Je m'obstine que les gens vont manger, où est le problème? Première demande du genre pour cette personne, une zone grise difficile à cerner, elle me demande de recontacter la RACJ pour voir avec eux, qu'ils sont mieux placés qu'elle.

Je rappelle la RACJ, après avoir fait le tour du département au complet, Voici l'absurdité révélée. Ils refusent de considérer un repas fait par le client comme un repas officiel. Ils me répondent: ''S'Il n'a pas de facture pour prouver le repas, nous autre ça ne fonctionne pas''. Ils refusent donc tout compromis et ma seule option est d'ouvrir un restaurant si je veux servir une bière. Ce malentendu administratif a été le plus stressant de tous les car j'étais maintenant propriétaire de la bâtisse, le chantier roulait plein régime et les dépenses étaient énormes. En plus, je venais d'apprendre qu'il me sera impossible de vendre de l'alcool. Mon pub/salle de spectacle était vraiment primordial dans mon projet, je n'étais pas intéressé à rouler une simple auberge avec juste des chambres et dortoirs sans rien d'autre. Mes futurs visiteurs et moi avions besoin d'un lien fort avec la communauté.

Cette période d'incertitude a été plus stressante pour un de mes partenaire à distance. Connaissant bien le milieu de la restauration, il anticipait une catastrophe en approche. Sa femme s'en est mêlée et leur couple, leur famille était extrêmement éprouvée par la situation angoissante. Le 2 janvier, 2 mois après avoir eu les clefs, ils nous rencontrent à Montréal pour nous annoncer qu'ils veulent se retirer du projet. Il a choisit sa famille versus l'auberge, j'aurais fait pareille. Ils ont choké, mon père s'est mis à paniquer car la pression financière et la gestion des travaux retombaient davantage sur ses épaules que sur les miennes. C'était leur mandat à eux au départ les finances et les travaux dû à mon manque de connaissances dans ce domaine, et le mien était celui de développer le projet et faire rouler l'auberge. Si seulement la personne au téléphone de la RACJ bien assisse confortable dans son bureau réalisait toutes les conséquences de leurs décisions irréfléchies.

SUITE LA SEMAINE PROCHAINE

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