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Arts & Culture

L’influence sous-estimée d’un ancien métier pratiqué dans Charlevoix, celui de la drave

Clermont

Ven. 8 avril 2022 3 minutes

L’influence sous-estimée d’un ancien métier pratiqué dans Charlevoix, celui de la drave
L’influence sous-estimée d’un ancien métier pratiqué dans Charlevoix, celui de la drave

Draveurs sur la rivière Saint-Maurice, Source: Le Kiosque des Médias


Le Québec que nous connaissons aujourd’hui ne serait pas le même si ce n’était de ce métier dangereux que pratiquaient les draveurs. Particulièrement dans Charlevoix, l’activité qui consistait à guider les billots de bois le long de la rivière laissa sa trace dans notre histoire et notre identité. Aujourd’hui, la célèbre montagne de l’Acropole des Draveurs rend hommage par son nom à l’époque de la drave, tout comme le Musée de la Drave de Monsieur Robert Gaudreault, l’un des derniers draveurs de Charlevoix, à Saint aimé des lacs. Voici comment cette activité économique a transformé le Québec et notre région.


Tout commence en 1852 en Mauricie lorsqu’une nouvelle tendance voit le jour, celui du flottage de bois sur les rivières. Dérivé de l’anglais « drive », on appelle ce métier la « drave » car il s’agissait véritablement de conduire ces énormes billots en aval d’une rivière, jusqu’à l’usine ou les chantiers. Cependant, ce n’était pas n’importe qui qui s’aventurait sur les eaux du Québec. Uniquement les hommes les plus costauds et agiles risquaient leur vie à dégager les pitounes qui flottaient. Chez nous, ces hommes guidaient le bois de la Rivière-Malbaie jusqu’à l’usine de Clermont dès le commencement de l’automne et s’établissaient dans des campements dans les profondeurs des forêts jusqu’au printemps. Être draveur rimait avec endurance, courage, force et esprit d’équipe, c’était une question de vie ou de mort.

Draveurs de St-Maurice, Source: Histoiresdecheznous.com

La plupart du temps, les Draveurs étaient équipés de petits bateaux et de longues perches pour les assister dans leurs tâches, mais il arrivait qu’ils doivent sauter de billot en billot pour tenter de déloger les embâcles de bois qui se formaient et qui bloquaient la circulation. Lorsqu’il était impossible de se frayer un chemin, ils avaient recours au dynamitage. Toutes ses périlleuses manoeuvres exigeaient une excellente communication entre draveurs et surtout, un bon esprit d’équipe.


Sans le travail des draveurs, il n’y avait aucun moyen d’acheminer le bois vers les papetières ou les scieries, car les routes et les camions n’existaient pas avant le développement des territoires. D’ailleurs, le bois était la matière première la plus importante pour l’économie du Canada à l’époque, on l’exportait et le transformait pour le vendre à nos associés étrangers. L’industrie principale de Clermont était également le bois: à la fin des années 60, l’usine de pâte et papier commençait notamment à fournir le papier journal du New York Times aux États-Unis. Les Draveurs étaient donc indispensables dans l’économie de Charlevoix.

Billots qui doivent être délogés avec de la dynamite, Source: ici.radio-canada.ca

Le Monseigneur Felix-Antoine Savard, curé de plusieurs paroisses charlevoisiennes, dont la Chute Nairne (autrefois Clermont), fait paraître un roman en 1937 inspiré d’un personnage charlevoisien appelé Menaud, maître-draveur. L’homme des bois qu’avait rencontré Felix-Antoine Savard s’appelait Joseph Boies et on le racontait sous l’angle de Menaud, un draveur du comté de Sainte-Agnès. Les thèmes du territoire québécois et de sa protection ont fait de l’oeuvre une référence en littérature québécoise. En hommage au roman emblématique, la distillerie et microbrasserie artisanale de Clermont porte fièrement le nom de Menaud en souvenir de la drave.


Aujourd’hui, la transportation du bois se fait autrement grâce à la mécanisation et du développement de nos territoires. En fait, dans la deuxième moitié du 20e siècle, la drave a diminué considérablement étant donné ses effets sur l’environnement. L’activité économique polluait les rivières et la faune aquatique qui s’y trouvaient, comme des émanations toxiques s’échappaient de la matière première et perturbaient la vie marine. C’est au début des années 90 que les dernières compagnies de transportation de bois se modernisent et abandonnent la drave pour de bon. Faisons honneur à ce métier aujourd’hui disparu qui a façonné le visage de Charlevoix et du Québec, tant pour l’impressionnant travail des draveurs que pour leur impact dans nos sociétés.




Par Léa Asselin-Abston

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