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Grand-père, médecin, mécène, amateur d’art et garde côtier volontaire

Saint-Irénée, Charlevoix

Mar. 26 septembre 2023 4 minutes

00 Felix Andre Tetu
00 Felix Andre Tetu

C’est tout ça et encore bien plus, Félix-André Têtu. Aller à la rencontre de cet homme, c’est aller à la découverte de Saint-Irénée. C’est aussi découvrir un homme amoureux et respectueux de son environnement et de l’héritage de celles et ceux qui l’ont précédé.

Il a un zodiac au Port le Refuge de Cap-à-l’Aigle qu’il a mis au service de la garde côtière auxiliaire. « Il faut bien que ça serve à la communauté. » Et cet été, avec neuf sorties pour secourir les marins en détresse aussi loin qu’à La Pocatière, l’équipe d’une dizaine de personnes, avec à sa tête le commandant François Désy, a démontré toute son importance. Une garde côtière auxiliaire qui ne compte pas moins de 750 personnes à travers le Québec.

05 Felix Andre Tetu
05 Felix Andre Tetu

« Un type que nous avions secouru cet été, raconte Félix-André Têtu, en nous remerciant, s’est exclamé : « Je sais maintenant à quoi servent mes taxes ! » Ce n’est tellement pas ça ! Il est important que les gens sachent que nous sommes tous bénévoles. L’équipement, c’est nous qui le fournissons », mentionne-t-il plus d’une fois lors de sa rencontre avec le journaliste de Mon Charlevoix. Autre message que ce garde côtier bénévole tient à faire passer : l’imprudence des gens. « Vous savez, dit-il, adossé à la rambarde entourant sa cabane logeant ses kayaks, 90 % des sauvetages que nous faisons sont dus au manque de prudence des gens, qui n’ont pas tous les instruments nécessaires sur un bateau ou qui partent en dépit des conditions météo défavorables. »

Médecin ou architecte ?

06 Felix Andre Tetu
06 Felix Andre Tetu

Habitant depuis 2002 ce qui fut la maison des artistes Rémi Clark et Saint-Gilles, Félix Têtu connaît par cœur celle qu’on appelle communément la maison du Ruisseau Jureux, qui a appartenu pendant cinq générations à la famille Gauthier et qui fut construite vers 1860.

Pendant 20 ans, lui et sa conjointe, médecin comme lui, Christine Desbiens, ont fait des rénovations, mais toujours en respectant le cachet d’antan. À tel point que ce respect a été reconnu par les Amis et propriétaires des maisons anciennes du Québec (APMAQ), qui ont décerné à M. Têtu, en 2022, le prix Thérèse-Romer, en reconnaissance de sa contribution pour la préservation et l’amélioration de vieilles maisons.

02 Felix Andre Tetu
02 Felix Andre Tetu
03 Felix Andre Tetu
03 Felix Andre Tetu

Félix Têtu raconte tout ça en se dirigeant vers la tour de tyrolienne ressemblant à un bateau qu’il a construite pour ses deux petits-enfants et qui aurait sans doute pu figurer dans La Guerre des tuques si l’action s’était passée en plein été ! « C’est vrai que j’aurais pu être architecte. Quand j’ai fait mon choix pour l’université, j’avais une pièce de monnaie dans mes mains. Face, c’était médecine, pile, l’architecture. C’est la Reine qui a gagné ! Il fut donc chirurgien plasticien auprès notamment des grands brulés, mais aussi spécialiste de la mammoplastie, la reconstruction des seins. De cette époque, « je ne regrette rien; j’y ai été très heureux. »

Amateur d’art

07 Felix Andre Tetu
07 Felix Andre Tetu

Celui à qui l’on doit aussi, à titre de donateur, le Jardin des sculptures au Domaine Forget, parle de son autre passion : l’art en général. Cet homme qui, pendant 38 ans œuvra au sein de l’hôpital St-Sacrement, est aussi un admirateur des artistes qui ont signé le fameux Refus Global. De Borduas à Riopelle en passant par Françoise Sullivan ou Marcelle Ferron, ceux et celles qui voulaient mettre de la lumière dans la grande noirceur duplessiste sont présents dans la maison du Ruisseau Jureux que ce soit dans des livres ou encore dans les jardins de M. Têtu. C’est ainsi qu’une œuvre de Marcel Barbeau s’y retrouve. En fait, il s’agit plutôt de la reproduction amplifiée par Martin Brisson d’une maquette de Barbeau, Chant d’amour, de quelque 4,5 m par 5,5 m dans un jaune éclatant, Ford Mustang 71 !

Un sage

Si le temps s’arrête lorsqu’on a la chance d’arpenter avec le maître des lieux le domaine entourant le Ruisseau Jureux, c’est que Félix Têtu ne se bat plus contre les heures qui passent. Supporteur actif de la Société de Parkinson, le médecin retraité a « le sens du lieu » comme il dit. Entre ses asperges vieilles de 100 ans ou ses lilas plus vieux que la maison, il a bien réfléchi au concept de la retraite.

« Quand je travaillais, j’avais la pression d’aller du point A au point B en un temps précis. Maintenant, mon bonheur, c’est de ne pas arriver au point B, car je sais que j’aurai eu du fun si mon chemin dévie pour s’éloigner de mon point B. »

Avoir de l’imagination, être curieux, faire le choix d’avenues qu’on n’aurait pas prévu de prendre, c’est le genre de conseils qu’on voudrait tellement entendre de son médecin ! La prochaine fois que vous le croiserez à la marina de Cap-à-l’Aigle, tout en questionnant la garde côtière auxiliaire pour avoir des conseils de sécurité pour votre embarcation, demandez à Félix-André Têtu de vous parler de son four à pain qu’il a construit à l’ancienne ou de la remise en état de son métier à tisser datant de la fin du XVIIIe siècle ! Fascinant.

Chroniqueur André Magny
André Magny

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