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Jean-Bernard Tremblay , l'homme des accords

La Malbaie

Lun. 10 mai 2021 7 minutes

Jean-Bernard Tremblay , l'homme des accords
Jean-Bernard Tremblay , l'homme des accords

La Malbaie, centre ville début des années 60, beaucoup d'enfants jouent sur les rives de la rivière Malbaie, des deux côtés du plan d'eau. Jean-Bernard Tremblay s'amuse avec ses cousins et cousines, les enfants de Gérard Tremblay. Son père, Jean Tremblay fait la réparation d'équipements électroniques comme des télévisions et sa mère Raymonde Blackburn enseigne à l'école de rang dans le rang Saint-Charles. Il a 4 tantes religieuses et un oncle prêtre. Ce dernier a joué un rôle important dans sa vie parce qu’il l'a encouragé à être confiant et lui a appris à pratiquer plusieurs sports comme le tennis. Il était toujours très patient avec Jean-Bernard. Le magasin familial, tout près de l'hôpital, vendait aussi des poêles et des frigidaires mais, la compétition était forte avec Légaré et la centrale du Meuble. Raymonde a donc abandonné son poste d'enseignante et a transformé le magasin en boutique de cadeau tout en conservant l'atelier de réparations. Ce fut une excellente décision. Le jeune Jean-Bernard passait du temps au magasin tout en demeurant discret. Les 3 premières années de scolarisation ont été faites à la maison en raison de graves problèmes d'asthme de Jean-Bernard.


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Raymonde Blackburn

Raymonde Blackburn[/caption]


Une opération aux amygdales lui a permis de rejoindre l'école régulière à l'orphelinat de La Malbaie tenu, par les Antoniennes de Marie de Chicoutimi. Deux de ses tantes, Gaby et Charlotte, étaient de cette congrégation. La directrice de l'école de La Malbaie, soeur Bouchard était la tante de l'ancien premier ministre, Lucien Bouchard.


Après le primaire, il s'est dirigé vers le cours classique qui se donnait à Place l'Aiglon à Cap-à-l'Aigle, aujourd'hui démoli. C’est à cette époque qu'il a commencé à jouer du saxophone grâce aux enseignements d'une école de Québec qui se déplaçait dans Charlevoix. Depuis sa naissance qu'il entendait pratiquement tous les soirs, son père jouer du violon. Il connaissait toutes les mélodies du répertoire classique jouées par son paternel et il s'endormait avec les concertos des plus grands compositeurs. Par contre, il s'est plutôt dirigé vers la musique jazz. Après une session au Cégep Sainte-Foy pour devenir pharmacien, la pilule n'a pas passée. Son grand-père Wilfrid ne croyait pas qu'on puisse faire carrière en musique et c'était un peu pour lui faire plaisir qu'il avait tenté les sciences. Son cousin, Yves-Marie Tremblay avait étudié au Séminaire Saint-Augustin et en témoignait favorablement. Jean-Bernard a décidé de suivre son cousin, étant donné qu'il était enfant unique. Le temps était venu de suivre sa propre voie. Il a été retenu en audition du programme de musique conjoint entre le Cégep Sainte-Foy et l'Université Laval. Il a conservé le saxophone comme premier instrument et la contrebasse en deuxième. Ce dernier n'a pas fait long feu, car il demandait plus de travail que son instrument principal. Il a changé pour le grand ensemble, un nom étrange pour un instrument mais, qui consistait à faire partie d'un stage band sous la direction de Pierre Lessard, professeur à l'université. Le jazz, en 1974 se jouait dans les garde-robes selon J. Bernard, ce n'était pas très populaire. Lui, aimait particulièrement les chanteuses comme Bill Hollyday et Ella Fitzgerald et leurs accompagnateurs comme Oscar Peterson et Charles Biddle. Et le festival des dates a commencé. Il se souvient précisément de toutes les dates importantes de son existence. Tel un Paul Houde de son histoire personnel, il a intégré une précision remarquable qui démontre une mémoire assez phénoménale. Peut-être est-ce important quand on doit apprendre des centaines de pièces musicales.


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Jean Tremblay, père de Jean-Bernard 97 ans


La première date à signaler, le 4 août 1976, il s'est joint au Tip Tops, orchestre mythique pour la région de Québec et particulièrement La Malbaie, dirigé par Pierre Lessard et qui comptait Guy Savard à la batterie, Vincent Marchessault, Réjean Marois et le chef Lessard à la trompette. Les débuts n'ont pas été faciles parce que le chef changeait les chansons et l'ordre des chansons à toutes les prestations. L'après-midi J. Bernard pratiquait les pièces pour être en mesure de les jouer le soir. Pendant plus de 7 ans, ce fut son occupation à plein temps. L'été, les Tip Tops étaient le ''house band'' du Manoir Richelieu et se produisaient entre autres à la discothèque. C'était un excellent groupe, de très haut calibre, et nous étions choyés comme spectateurs et danseurs. Les dimanches, les Tip Tops sautaient dans la piscine avec leurs instruments pour des prestations aquatiques improvisés. J. Bernard utilisait un sax de seconde main pour ne pas risquer d'abîmer son précieux instrument qui lui permettait de gagner sa vie. Leur grand concurrent était le big band de Roland Martel qui était le ''house band'' du Château Frontenac. Les Tip Tops se produisaient 150 fois par année, ce qui pouvait devenir essoufflant. Le 2 octobre 1983, J. Bernard a présenté sa démission à Pierre Lessard et le 10 octobre 1983, il a émis sa première facture d'accordeur de pianos. Son entreprise était fondée depuis le 3 mars 1983.


Il s'est marié en 1979 avec Esther Lebrun à Québec, et deux enfants, Benoît et Louis ont formé la famille. Il est devenu accordeur de piano pour avoir un plan B si un jour la musique le lâchait. Son père lui disait qu’il n’y en avait pas beaucoup et que le besoin de relève était important. C'est en suivant un cours de correspondance à San Francisco qu'il a acquis les rudiments du métier, car la formation n'existait pas au Québec et les vieux accordeurs n'étaient pas chauds à prendre des apprentis. Ils recevaient des bandes sonores par courrier et devaient faire les travaux; il aurait pu tricher mille fois, mais il a pris la voie de l'honnêteté et vraiment gagner sa reconnaissance. À cette époque, on accordait encore les pianos au diapason, dans le silence le plus complet. Marc Legrand musique vendait 125 pianos par année et il était leur accordeur officiel, puisque le premier accord était gratuit pour le client, gracieuseté du magasin. Aujourd'hui, il ne se vend presque plus de pianos. J. Bernard a fait beaucoup d'accords à domicile, mais son principal contrat depuis 1985 est d'accorder les pianos de l'Université Laval. À nos latitudes, à cause des écarts de température et surtout de variation des taux d'humidité, les pianos ont tendance à se désaccorder. Il utilise maintenant un logiciel pour accorder où le silence total n'est plus nécessaire et il y a un gain de 30 minutes par piano, par rapport à la méthode traditionnelle. Mais il s'agit toujours d'un travail de précision.


Mais, la musique était toujours là, il a fait partie de l'orchestre de Roland Martel pendant 25 ans à titre de premier sax alto. Ce qui l'a amené en France en 1985 et 1987, où croyant faire danser le public, ils les écoutaient attentivement, bien assis dans la salle et à guichets fermés partout. Ils ont été le ''house band'' temporaire de l'hôtel Méridien de Paris durant un mois. J. Bernard a pu explorer la ville de Paris de fond en comble. Avec les Tip Top, ils ont fait des tournées pour les Forces armées au Moyen Orient, en Allemagne et dans le grand Nord canadien, dont à Alert, le point le plus au nord.


En 2008, il a remisé son saxophone dans son étui et il y est resté durant 3 ans. En 2011, le chef d'une Harmonie de Lévis lui a proposé de se joindre à eux, il a accepté. En 2015, il s'est aussi joint à un stage band, ce qui fait qu'il joue maintenant dans 2 groupes distincts.


Tant qu'il y aura des pianos acoustiques, son métier sera encore en demande, car il s'agit d'une véritable science, avec un langage que peu de gens comprennent. Il n'y a presque plus de demandes en résidentiel, mais l'université Laval compte sur des pianos parfaitement accordés pour former les meilleurs musiciens.


Alors même si nous ne sommes pas toujours d'accord sur Facebook, il réussit toujours à nous remettre au diapason.


 


 


 


 

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