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Personnalités du jour

Personnalité du jour | Hommage à Pierre Asselin

La Malbaie

Mar. 11 avril 2023 3 minutes

Personnalité du jour | Hommage à Pierre Asselin
Personnalité du jour | Hommage à Pierre Asselin

Pierre Asselin est décédé en janvier dernier. Malgré le fait qu’il ait quitté la vie publique depuis plusieurs années, il n’était pas oublié. Il a laissé sa marque de façon indélébile dans la petite histoire de Charlevoix-Est.


Il était avant tout un homme d’affaires qui avait pris le relais de la famille Brouillard dans le commerce de quincailler et de matériaux de construction à Saint-Siméon. Avec les divers développements, dont celui du domaine Desmarais à Sagard, il a fait de bonnes affaires. D’ailleurs, il avait un accès direct avec Paul Desmarais et ils se consultaient mutuellement assez régulièrement. Il avait aussi la propriété de motels sur les rives du fleuve près de son magasin.


Une fois bien établi en affaires, Pierre Asselin a fait sa marque à deux niveaux en politique. Il fut maire de Saint-Siméon pendant deux mandats de 1999 à 2009. Il occupa aussi la préfecture de Charlevoix-Est. C’est surtout comme président de la Commission scolaire pendant 15 ans qu’il est passé à l’histoire. Il était sans contredit un régionaliste qui avait une vision globale de Charlevoix. Son dévouement entre la population était sans égal, il savait se tenir loin des controverses et dégager l’image d’un sage dans l’action.


Le dossier de l’implantation du centre d’études collégiales en Charlevoix est sûrement sa plus grande réalisation, à tel point qu’il est parfois appelé le père du Cégep. En 1989, c’est la commission scolaire et son directeur général Gilbert Dumont qui font renaître ce dossier de ses cendres, piloté pendant un certain temps par la corporation de développement industriel de Charlevoix. Les choses s’accélèrent rapidement. Deux comités sont formés, l’un populaire, l’autre politique, sous la gouverne de Pierre Asselin. Ce dernier est chargé de faire pression sur le gouvernement libéral de l’époque pour obtenir de l’enseignement collégial chez nous. Le Cégep de Jonquière avait été choisi au détriment de Limoilou au regard de l’excellent dossier présenté par Jacques Vézina, le DG de l’époque. Pendant que la population appuyait fermement le dossier avec des démonstrations de masse au Parlement et dans les rues de La Malbaie et Baie-Saint-Paul, le comité politique était très insistant auprès du député Daniel Bradet. Le principal obstacle vient du président du Conseil du Trésor Daniel Johnson qui ne veut aucun centre d’études dans de plus petites villes. C’est là que Pierre Asselin entre fortement en scène.


Les membres du comité politique se rendent à Québec et occupent littéralement le bureau du député Daniel Bradet. Pierre Asselin se dit prêt à coucher sur place le temps qu’il faudra pour avoir une réponse positive. Lors d’une rencontre avec Lucienne Robillard, ministre de l’Éducation, celle-ci se dit en faveur du projet, mais avait de la difficulté à convaincre son collègue Daniel Johnson. Il faut dire qu’une autre demande du Cégep de La Pocatière chemine parallèlement pour un centre d’études à Montmagny. Du côté du Témiscouata on avait laissé tomber devant le peu de réceptivité. Quatre cents personnes partent de La Malbaie et Baie-Saint-Paul pour manifester sur la colline parlementaire.


Finalement le 7 mai 1993, dans une conférence non annoncée la ministre Robillard rend publique la création de deux centres d’études dans Charlevoix et à Montmagny. J’aurai la chance de les diriger tous les deux en grande partie grâce à Pierre Asselin qui s’est battu sans relâche pour doter sa région d’enseignement supérieur.



Pierre Asselin était réputé pour avoir des contacts partout en politique. Dans son portefeuille, il avait les cartes de tous les partis importants au provincial comme au fédéral. Je n’ai jamais entendu personne le critiquer, son style chaleureux, son humilité et surtout ses résultats faisaient de lui un homme politique respectée et un gars de Saint-Siméon apprécié. Il a coulé ses derniers jours à la Résidence des Bâtisseurs avec son épouse Huguette Tremblay, qui était toujours près de lui avec un jugement sûr. On dit souvent que chaque grand homme c’était le cas avec Pierre Asselin.


Personnellement, c’est avec nostalgie, et le cœur un peu triste que j’aie vu partir Pierre Asselin qui était né dans les mêmes jours que mon père. Son épouse est aussi un peu apparentée avec notre famille. Charlevoix tissé serré n’oublie pas les siens qui ont à leur façon marqué notre histoire. Parfois, je suggère que la nouvelle école primaire de La Malbaie s’appelle l’école Pierre Asselin.

Par Claude Harvey




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