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Personnalités du jour

Roland Martel, attaché à sa terre et ses origines.

La Malbaie

Lun. 8 février 2021 7 minutes

Roland Martel, attaché à sa terre et ses origines.
Roland Martel, attaché à sa terre et ses origines.
 

Roland Martel vient à la fois d'une famille d'agriculteurs du côté des Martel et une typique de Pointe-au-Pic avec des emplois divers, les Villeneuve. Une chose est certaine les deux branches sont de très bons musiciens. Le père de Roland (ou Ti-Paul) était un violoneux assez prodigieux et très actif pendant toute sa vie tout en travaillant chez Bell Canada. On connaît bien le cousin de Roland, le saxophoniste Dan Martel, plusieurs autres membres de la famille jouaient d'un instrument et faisaient partie de groupes lors des soirées. Chez les Villeneuve, avec le grand-père François, les oncles Jacques, Georges, Jean, Florent, Clément et Bertrand c'était la chanson qui dominait. Il y avait aussi sa mère Thérèse Villeneuve. La musique était aussi présente pour Suzanne, Marguerite, Florence et Françoise. C'est à l'Église de Pointe-au-Pic et dans les veillées qu'ils jouaient du piano et qu'ils chantaient avec des voix puissantes et justes.

Malgré ce bain de musicalité, Roland ne s'est pas dirigé vers la musique, ayant d'autres intérêts. Il a commencé sa scolarité à l'académie Saint-Jean-Baptiste, la vieille école de Pointe-au-Pic qui a été démolie en 1963-64 pour faire place à l'école Laure Conan. Les Petites Franciscaines étaient à la tête de l'école, Roland se souvient d'avoir joué le rôle du martyr Gabriel Lallemand. À cette époque, il rêvait de devenir cultivateur, mais son grand-père François voulait qu'il étudie.

Sa gang d'amis était importante pour lui, tous des gars de Pointe-au-Pic, même le côté nord de la Côte Saint-Antoine était un territoire malbéen, revendiqué par Pointe-au-Pic. Parmi ses amis, il y avait Denis Lajoie, Roger Villeneuve (RIP) et autres cousins et cousines. Au jeu de drapeau, ils pouvaient facilement réunir une vingtaine de membres de la famille Villeneuve pour les parties. Cette famille était des joueurs de tours en particulier le barbier Jacques qui les poursuivait avec ses ciseaux pour leurs couper les cheveux. Roland avait hérité de cet amour de la dérision. Il raconte qu'il marchait derrière monsieur Alfred Villeneuve de Pointe-au-Pic et quand ce dernier se détournait tout redevenait normal et la gang à Roland avait bien du plaisir.

Après sa sixième année à Pointe-au-Pic, il est allé étudier à Félix-Antoine-Savard. Il se souvient de certains de ses professeurs comme Roger Néron (RIP) et le Frère Borommé Caron (RIP), de même que Bernard Giroux, Jean-Guy Giasson, Bernard Girard, Cécile Bergeron et Jean-Rock Tremblay. À l'époque on jouait au hockey dehors et on mettait même nos patins dehors (comme en 2021). La personne qui s'occupait de la cabane de la patinoire s'appelait René Caron. Avec ses amis, ils se tenaient au Café Royal au bas de la côte Saint-Antoine, tenu par un monsieur Couturier. Ils s'achetaient des boules noires  et côtoyaient ses ''ennemis'' de l'époque comme Gaëtan Villeneuve, les Harvey appelés Tiri et les Thibault, Léopold et Jacques avec qui sa gang entretenait une sorte de compétition. Une chose est sûre Roland à la mémoire des noms et ses souvenirs sont toujours très vifs.

Alors qu'il avait 15 ans, la famille a déménagé à Clermont et peu de temps après Roland est parti pour Québec pour finir son secondaire. Normalement les Charlevoisiens allaient à Giffard, mais Roland est  allé à Charlesbourg. Comme son grand-père souhaitait qu'il étudie, dès le secondaire 2, il s'était branché sur l'éducation physique. C'est à l'Université du Québec à Trois Rivières qu'il a poursuivi sa démarche qui lui a permis d'atteindre son but. Il a adoré ces années, car à Trois Rivières c'était 75% de sports pour 25% de théorie contrairement aux autres universités. En même temps que lui, Jean-Marc Tremblay de Clermont poursuivait les mêmes études. Roland jouait au handball et au hockey dans des volets assez compétitifs. Il a aussi pratiqué la lutte, l'escrime, le judo et pas mal de gymnastique. Toujours aux études, il avait commencé à faire de la suppléance dans Charlevoix.

À la fin de son université, il est revenu dans Charlevoix et sa conjointe était  la fille du maire Antonio Gaudreault dont l'épouse était commissaire scolaire. Cela ne lui a pas nuit pour entrer à la commission scolaire. Il a refusé le poste qu'on lui offrait comme directeur des loisirs à Clermont pour se consacrer à l'enseignement. Au début, il a enseigné dans 6 écoles primaires simultanément. Il trimballait tout son matériel avec lui. Un peu plus tard, on lui a retiré deux écoles pour une tâche un peu moins lourde. Mais après 21 ans il est tombé en surplus de personnel. C'était une époque où le déclin démographique commençait à se faire sentir durement. Il a dû quitter ses jeunes du primaire pour un poste au secondaire pour six matières différentes, dont les cours que les enseignants plus vieux n'avaient pas choisi. Il a enseigné entre autre  la géographie et toujours un peu d'éducation physique en secondaire 1. Il a vécu une première année très difficile, mais il a développé des méthodes pédagogiques innovantes et originales qui ont beaucoup plu aux élèves. Il utilisait des cartes, faisait travailler les élèves sur des itinéraires de voyage. En éducation physique, il utilisait un grand pays de gymnastique au sol pour initier les jeunes à ce sport. Il a produit des guides pour ces activités pédagogiques. Il a créé une équipe de basketball féminin et a entrainé de jeunes gymnastes. Il était bien et se sentait réellement à sa place. Il aimait sa profession et prenait conscience de ses enjeux. Cette étape de sa vie d'enseignant  a duré 7 ans.

[caption id="attachment_78740" align="alignnone" width="911"]À l'école Laure Conan de Pointe-au-Pic À l'école Laure Conan de Pointe-au-Pic[/caption]

Son épouse de l'époque, Doris Gaudreault a donné naissance à leur fille Julie, qui habite maintenant Pointe-au-Pic. Depuis 34 ans, il est en couple avec Odette Villeneuve.

Une autre étape, la dernière de sa carrière professionnelle a débuté lorsqu'il a été élu président du syndicat des enseignants et enseignantes de Charlevoix. Plusieurs collègues lui avaient demandé de se lancer, mais il ne voulait pas, car il aimait enseigner. Son poste de conseiller lui convenait. Finalement il s'est laissé convaincre. Cela lui a permis de siéger au conseil des commissaires et de s'impliquer dans des dossiers litigieux. Il a encore en tête une réunion où les enseignants(es) du Plateau étaient réunis à l'Âge d'or, prêts à en découdre avec l'administration qu'ils accusaient de réduire les sanctions données à certains étudiants(es) sans consulter, ce qui choquait énormément les enseignants(es). Le directeur de l'époque a dû se présenter sur place et présenter ses excuses aux professeurs en colère et leurs promettre de ne plus recommencer. Roland était un président pragmatique qui avait de bonnes communications avec les directions, mais qui défendait son monde dans les limites du possible. Trois à quatre fois par année, il faisait le tour des écoles de Charlevoix pour rencontrer ses membres. Il y avait des conseils fédéraux tous les mois et il a participé à trois négociations locales. Il en perdait parfois le sommeil, surtout lorsqu'il s’agissait de cas d'assurances compliquées ou de congédiements. Il a passé 7 ans à la présidence du syndicat. Au terme de ses mandats, à 61 ans, le temps de la retraite était venu. Il est retourné à ses anciennes amours sportives. Il joue encore beaucoup au tennis et il pratique le ski de fond et le golf avec ses beaux-frères Villeneuve. Mais ce qui l'anime le plus et le rend heureux est de s'occuper de sa propriété forestière située sur les hauteurs de Pointe-au-Pic dans ce que nous appelions avant le deuxième boulevard. Il habite la terre ancestrale de la famille Villeneuve et il en prend le plus grand soin. Il a construit un abri forestier qui est son refuge avec sur les murs des photos souvenirs de sa famille.

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Il continue d'acquérir des terres contiguës et s'est équipé pour travailler efficacement. Il veut aménager des sentiers pédestres en montagne pour ses parents et amis et mettre en valeur ses terrains qui ont une vue imprenable sur le fleuve Saint-Laurent.m4

Finalement, ses 7 ans au syndicat lui collent toujours à la peau. Il assistait aux réunions du conseil municipal et posait beaucoup de questions, ce qui fatiguait un peu Gilles Savard de Saint-Fidèle, maintenant bon ami de Roland. Des gens de Pointe-au-Pic l'ont approché afin qu'il applique comme conseiller. Il a été élu en 2013 et il y siège depuis ce temps. Il en est à son troisième mandat. Le projet La Malbaie et l'Église de Pointe-au-Pic sont des dossiers qui lui tiennent à coeur.

J'ai apprécié ces moments passés à parler avec Roland Martel. J'ai découvert un homme fascinant, passionné et fier de ses origines. Nul doute qu'il a encore beaucoup de  réalisations à venir.

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