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De Mohamédia à La Malbaie en pleine pandémie

La Malbaie

Ven. 12 novembre 2021 5 minutes

De Mohamédia à La Malbaie en pleine pandémie
De Mohamédia à La Malbaie en pleine pandémie

Wafaa Bougrzam est une personne pleine de vie et de bonne humeur. Née à Khouribga dans le secteur où on extrait le phosphate au Maroc, elle y reste jusqu’à l’âge de 11 ans avec ses deux sœurs et ses parents qui sont tous deux instituteurs au primaire. Pour se rapprocher de la famille de sa mère et prendre soin de son grand-père vieillissant, ils déménagent à Mohamédia, à quelques kilomètres de la métropole du Maroc, Casablanca.


Wafaa vit une existence assez agréable dans une famille moderne et mère plutôt libérale qui porte que très peu le voile, d’ailleurs Wafaa suivra ses traces dans une approche plus moderne de la religion musulmane. Il y a plusieurs plages à Mohamédia sur les bords de l’océan Atlantique. L’été, ses parents professeurs sont en congé, ils s’installent dans de grandes tentes avec des pièces fermées pour profiter du soleil et de la baignade.


Même si l’enseignement primaire et secondaire se fait en arabe au Maroc depuis 1990, on continue d’enseigner le français. Les Marocains considèrent l’apprentissage de cette langue comme une quasi-obligation pour demeurer ouverts sur le monde. Dans les grandes villes, pratiquement tout le monde parle français. Au bled, c’est autre chose, on est plus loin et on reste assez traditionnels quoique les réseaux sociaux ont tendance à diminuer l’écart villes et campagnes. Chaque été, la famille de Wafaa qui vit en France vient les visiter et c’est l’occasion de pratiquer, ce qui fait qu’aujourd’hui Wafaa parle un parfait français et même déjà un peu de québécois après seulement 7 mois dans Charlevoix.


Même sans voiture familiale, les parents amènent les enfants partout en autobus ou en grand taxi blanc de marque Mercédès qui sont une forme de transport en commun au Maroc. On s’entasse parfois à 10 dans ces grandes voitures et on sépare le prix de la course. Elle visite donc la corniche à Casablanca, la grande mosquée Hassan II (2e plus grande au monde), ce qui donne le goût des voyages à Wafaa qui va parcourir le Maroc dans sa presque totalité seule ou avec des ami-e-s. Elle est déjà une fille très indépendante dans un pays en transition vers le modernisme et cela démontre que la société change. Elle est férue de randonnées et elle escalade des montagnes près de la ville de Marrakech où il est parfois possible de faire du ski. Elle visite les villages berbères aux origines de la famille de son père originaire du grand sud marocain là où les chameaux sont toujours rois.


L’heure est venue de se former pour le marché du travail et Wafaa rejoint le lycée technique de Bouznika pour étudier en réseaux informatiques. Elle est embauchée dans un centre d’appels pour la grande compagnie de télécommunication française Orange. Elle fait du dépannage téléphonique pour les abonnés français pendant 8 ans. Jusqu’à ce qu’elle rencontre un cousin de son cousin, nommé Abderrahman, qui fait des études en cuisine à Casablanca. Ils deviennent d’abord amis et la relation évolue vers quelque chose de plus sérieux. Ils se marient en 2018 chez ses parents à Mohamédia.



Il n’est pas dans leur plan de quitter le Maroc ou de venir au Canada puisqu’ils ont chacun un emploi. Mais ils vont quand même visiter un salon de recrutement pour des emplois au Québec. Abderrahman applique tout de même à deux endroits, pour la chaîne ACCOR et pour Resto Plaisirs à Québec. Il reçoit une offre d’ACCOR et dans les hôtels qu’on lui présente il choisit le Manoir Richelieu par amour de la nature et des grands espaces. Les procédures d’immigration commencent et Wafaa quitte son emploi, mais les délais s’éternisent puisque la crise de la COVID est débutée. Le mari perd aussi son emploi. N’ayant plus d’emplois, ils doivent survivre et ils démarrent une petite sandwicherie faisant la livraison à domicile. Wafaa se transforme en livreuse des sandwichs de son mari qui sont confectionnés dans leur appartement. Le Garni sandwicherie est une entreprise légale disposant d’une patente enregistrée. Ils réussissent à se débrouiller de cette façon en attendant le visa de travail pour les deux puisque Wafaa aura aussi un emploi au Manoir. Au bout de 6 mois alors qu’ils veulent extensionner l’entreprise, le père d’Abderrahmane attrape la covid-19 et ils doivent fermer le commerce pour aller à son chevet. Le système de santé est débordé et il est hospitalisé à la maison. Malheureusement, il décède du coronavirus en décembre 2020. Le couple se retrouve de nouveau sans emploi. Mais de bonnes nouvelles arrivent d’immigration Canada, leurs visas sont accordés après 2 ans d’attente. Ils vendent toutes leurs possessions au Maroc et ils prennent un vol pour Montréal en avril 2021. Aberrahame fait partie de la brigade des cuisiniers de l’hôtel depuis ce temps et Wafaa quitte son emploi au service royal du Manoir après 15 jours, car elle a de la difficulté avec le parler québécois et surtout avec l’anglais qu’elle ne maîtrise pas. C’est trop difficile à ce moment. Elle retourne dans le domaine de la restauration, pas comme livreuse cette fois, mais comme aide-cuisinière au Café chez Nous. Elle a moins de difficultés avec l’accent québécois puisqu’elle commence à le ‘’pogner’’ elle-même. Elle sème la bonne humeur autour d’elle et s’intègre à vitesse grand V. Les nouveaux Québécois visitent les attraits touristiques dès qu’ils le peuvent et ajoutent leur vécu et leur humanité à notre région qui a toujours besoin de nouveaux arrivants aussi ouverts sur leur nouveau milieu que Wafaa. Elle a apporté chez nous le soleil du Maroc, espérons qu’il brillera longtemps.


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