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Personnalités du jour | Marianne Fourcaudot

Charlevoix

Mar. 20 mai 2025 3 minutes

Par André Magny

Photo 1 Marianne Fourcaudot encadree
Est-ce l’autoportrait de Marianne Fourcaudot ?!
Crédit : Julie C. Paradis
Photo 1 Marianne Fourcaudot encadree

Papier chiffon, papier velours

Près de 45 ans après sa mort, la mémoire de l’écrivain et de l’homme religieux Félix-Antoine Savard est toujours bien vivante, grâce notamment à la Papeterie artisanale Saint-Gilles. Et aussi grâce, pour beaucoup, à ceux et celles qui la font vivre comme Marianne Fourcaudot, la responsable de la boutique.

Laissez parler les petits papiers comme l’écrivait Gainsbourg. Mais surtout, laissez-les vivre pour montrer qu’ils sont d’une race qui ne sait pas mourir comme le célèbre Menaud de Mgr Savard. C’est ce que fait depuis 2019 Marianne Fourcaudot.

Si elle a appris son métier avec une papetière bretonne, elle est la première à affirmer « qu’il n’y a pas vraiment d’école de reliure. » Bien qu’elle ait fait des études en arts et lettre, son métier, c’est surtout sur le tas qu’elle l’a appris. Depuis, qu’elle est déménagée à St-Joseph-de-la-Rive, elle a tout appris sur ce qui touche le monde du papier : de la manipulation de la pâte, à l’utilisation des moules, des cadres jusqu’à l’utilisation d’un microscope pour vérifier les fibres du papier.

Photo 2 papiers St Gilles
Un éventail de quelques papiers Saint-Gilles.
Crédit : gracieuseté de Marianne Fourcaudot
Photo 2 papiers St Gilles

À l’époque de Chat GPT

« C’est un anachronisme de faire du papier en 2025, à une époque où tout est désincarné, où tout est dans le cloud ! » Mme Fourcaudot en est bien consciente de tout ça. Et pourtant, elle continue, comme ses collègues qui travaillent au sein de la papeterie, à y croire. « Je sens un regain, notamment chez les jeunes. On a besoin d’écrire des mots sur du papier. » L’écriture manuscrite aura-t-elle le dessus sur tous les courriels et messages numériques que nous recevons et surtout transmettons ?

Elle le répétera à quelques reprises pendant l’entrevue, le papier est devenu une véritable passion pour elle. « Notre règle, c’est d’avoir du plaisir. C’est de croire en ce que nous faisons », raconte celle qui est permanente à la papeterie avec deux autres papetiers.

Photo 3 Marianne Fourcaudot au microscope
Faire du papier artisanal, c’est aussi de la précision vous dira Marianne Fourcaudot.
Crédit : Julie C. Paradis
Photo 3 Marianne Fourcaudot au microscope

Levée de fonds

Mais croire en ce qu’on fait, ne veut pas nécessairement dire de ne rien faire pour continuer à y croire. Bien au contraire ! Pour preuve, le 21 septembre prochain, il y aura un brunch, qui sera organisé à l’hôtel Germain, à Baie-St-Paul, afin d’amasser des sous pour la Papeterie Saint-Gilles.

Ce sera sûrement aussi l’occasion de souligner le 60e anniversaire de ce qui fut fondé par l’auteur du célèbre roman, Menaud, maître draveur. C’est, en effet, en 1965 que Mark Donohue, alors le PDG de la papetière du même nom, et ami de monseigneur Savard, devint un conseiller et fut le généreux mécène qui permit la fondation de cet OBNL, qui émet dorénavant des reçus pour des dons de charité. « Ça coûte cher, vous savez, faire du papier à la main haut de gamme. On aimerait bien pouvoir travailler à l’année. D’ailleurs, on essaie de développer le côté business de l’entreprise », affirme l’artiste du papier.

Photo 4 Reliure grand et moyen Papier St Gilles 1
Tout pour donner envie d’écrire des mots sur un papier inspirant.
Crédit : gracieuseté Marianne Fourcaudot
Photo 4 Reliure grand et moyen Papier St Gilles 1

Des collaborations avec des imprimeurs ont d’ailleurs commencé, afin de créer des produits dérivés. Parmi les nouveautés en boutique, on remarquera des cahiers d’un bleu magnifique où se marient dentelle et soleil. Des ensembles de correspondance ou encore des coffrets de papier à lettre font aussi partie de ce qu’on retrouve à la papeterie. Des sérigraphies et des estampes numériques sont aussi disponibles sur place.

Mais au-delà de tous ces objets à vendre, ce qui intéresse avant tout Marianne Fourcaudot, « ce sont les gens » qu’elle rencontre en magasin. Elle vous en passe un papier !

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