Personnalité du jour | Yvan Desgagnés

Yvan Desgagnés : une vie ancrée dans l’héritage maritime

Issu d’une famille profondément enracinée dans l’histoire maritime québécoise, le fondateur du groupe Desgagnés aura aussi passé 30 ans à développer le Musée maritime de Charlevoix. Au début de l’automne, dans le Pavillon Desgagnés, on inaugurait une salle portant fièrement son nom et son prénom !

C’est un bel hommage auquel il ne s’attendait pas. D’autant plus que l’un de ses amis, Serge Pitre, a conçu la salle en reproduisant l’une des pièces de sa maison. « Les meubles, le décor, tout a été fait de la même façon que chez nous. Ça ressemble un peu au salon de ma maison », confie-t-il en entrevue.

L’un des ardents fondateurs du Groupe Desgagnés en 1972, le capitaine Desgagnés raconte que sa famille en est à la 8e génération de navigateurs alors que l’ancêtre est arrivé dans Charlevoix au début du XIXe siècle.

Le fleuve Saint-Laurent : une route principale

Pourquoi un tel attachement au fleuve ? La réponse est toute simple pour M. Desgagnés : « Il n’y avait pas de route pour voyager, alors c’était le fleuve qui servait de route principale. » Ses ancêtres ont donc fabriqué des goélettes et ont assuré ainsi le transport entre les petits villages du Québec.

Concernant l’industrie maritime actuelle, Yvan Desgagnés se montre optimiste. « Le Québec fait très bien, surtout le groupe Desgagnés », affirme-t-il en énumérant les nombreux navires équipés pour naviguer notamment dans l’Arctique. Une flottille qui illustre le savoir-faire du groupe maritime qu’il a fondé avec l’aide de ses cousins il y a plus de 50 ans et qui demeure la seule entreprise vraiment d’ici après la vente récente aux Américains de l’entreprise Logistec.

Des voitures d’eau…

Puisque la famille Desgagnés, comme beaucoup d’habitants de l’Île-aux-Coudres ou des rives charlevoisiennes avait donné vie aux célèbres goélettes charlevoisiennes, ces voitures d’eau pour reprendre le titre de l’un des célèbres films de Pierre Perrault, il était prévisible que le cinéaste québécois rencontre Yvan Desgagnés.

Celui-ci se remémore son amitié avec Pierre Perrault, qui a tant filmé la vie sur le Saint-Laurent dans les années 1960 avec des documentaires comme Pour la suite du monde. Leur première rencontre date de 1959 quand le poète-cinéaste a embarqué avec son caméraman sur la goélette le Mont Ste-Marie avec Yan Desgagnés : « Il a fait un film sur l’équipage et la façon de naviguer. » Puis en 1972, le réalisateur du Règne du jour a passé un mois et demi avec son épouse sur un bateau de M. Desgagnés afin de visiter cette fois-ci les villages du Grand Nord.

…à L’homme qui plantait des arbres

Si Yvan Desgagnés ne navigue plus aujourd’hui sur le fleuve aux grandes eaux, un peu à l’image du personnage de Jean Giono, mis en image par Frédérik Back, il s’est retiré dans ses terres de Saint-Irénée pour mieux y planter des arbres depuis la fin des années 1970. « J’ai planté entre 2 500 et 3 000 arbres, beaucoup de chênes, de pins, de cèdres, de mélèzes. » Il gère ainsi sa forêt privée continuant ainsi, à sa manière, l’héritage familial avec passion : « Quand mon père allait en forêt, il me montrait les arbres et me disait que tel pin servirait à l’étrave d’un bateau. C’est en ce sens-là que je pense encore aux arbres. »

Lorsqu’on lui suggère qu’un film pourrait être réalisé sur sa vie, il répond en riant : « Ah ! peut-être… » Humble et généreux, il nous rappelle que son histoire est avant tout celle d’une famille et d’une région profondément liées au fleuve. Un homme dont les racines et les aspirations se rejoignent dans un amour sincère pour le Saint-Laurent et la nature. Et en passant, pour ceux et celles qui se le demanderaient, le célèbre brise-glace Bella Desgagnés a été nommé ainsi en l’honneur de l’épouse du frère de son grand-père.